Quinze ans après la chute du Mur de Berlin qui marqua la disparition de l’un des deux camps de la Guerre froide, Mikhaïl Gorbatchev revient dans Le Figaro sur sa déception de ne pas avoir vu la fin de la Guerre froide aboutir à un « nouvel ordre mondial ». Pour l’ancien premier secrétaire du parti communiste soviétique, l’effondrement de l’URSS a laissé les États-Unis seuls et ces derniers, qui se sont vus comme les vainqueurs de la guerre, ont préféré imposer leur volonté à la planète plutôt que de construire un système international qui aurait évité le chaos. Mais pourquoi accepter de réprimer son pouvoir quand on pense que sa nation a une « destinée manifeste » ? Le colonel Andrew J Bacevich s’inquiète du messianisme de l’administration Bush dans le Los Angeles Times. Toutes les nations du monde affirment mener leur politique étrangère en suivant des buts altruistes mais malheureusement, depuis le 11 septembre, les hauts responsables de l’administration Bush semblent croire à leur propre rhétorique et ils ne reculeront donc devant rien pour imposer la domination états-unienne, censée apporter la liberté et la démocratie au monde. Plus inquiétant encore, l’auteur note que John Kerry n’a absolument pas remis en cause cette vision des choses lors de la campagne ; l’impérialisme messianique de Washington fait donc l’unanimité parmi les élites états-uniennes et résistera aux alternances.
Cette volonté hégémonique ne laisse pas la place à l’émergence d’un concurrent et rend donc probable une confrontation à moyen terme avec la Chine. C’est justement ce que veux éviter Henry Kissinger. Dans Clarin, l’artisan du rapprochement des États-Unis et de la Chine pendant la Guerre froide affirme que le centre de gravité des affaires mondiales va bientôt passer de l’Atlantique au Pacifique quand la Chine va devenir une vraie superpuissance. Il faut donc amorcer un dialogue avec Pékin et lui laisser un accès « équitable » aux marchés des ressources énergétiques et des matières premières. Bien sûr, pour le père de la doctrine dont il porte le nom, il ne pourrait s’agir que d’un accès à des sources d’approvisionnement dont les États-Unis garderaient le contrôle.
Beaucoup plus agressifs, les néo-conservateurs Thomas Donnelly et Vance Serchuk, de l’American Entreprise Institute, envisagent, sans le dire explicitement, de priver la Chine de l’une de ses sources d’approvisionnement pétrolier en attaquant le Soudan. Mettant en avant la crise humanitaire au Darfour, la « crédibilité » des États-Unis, le soutien de Khartoum à des groupes qualifiés de terroriste par le département d’État et la présence de Soudanais en Irak, ils estiment qu’il est temps d’attaquer ce pays où la Chine dispose de concessions pétrolière.

La situation en Côte d’Ivoire est confuse et il est difficile d’avoir des certitudes sur la position française. Quelques jours seulement après la riposte de la France au tir de roquettes contre ses soldats en abattant les avions de chasse et des hélicoptères de l’armée ivoirienne, puis les attaques contre les ressortissants français, les troupes ivoiriennes et françaises circulent ensemble dans les rues d’Abidjan pour éviter de nouveaux débordements.
Dans un court entretien au Monde, la ministre française de la Défense Michelle Alliot-Marie rappelle que la France n’a fait que riposter et qu’elle a le droit pour elle dans cet affrontement. Elle affirme que malgré les morts de part et d’autre, l’objectif de Paris n’est pas de déstabiliser les institutions ivoiriennes mais d’appliquer les accords de Marcoussis. Autre son de cloche dans Le Figaro, quotidien qui contrairement à la presse de gauche française n’est pas en conflit ouvert avec Laurent Gbagbo, qui laisse la parole à un Français vivant en Côte d’Ivoire, Michel Brunet. L’auteur affirme que les militaires français chargés d’assurer la protection des Français vivant en Côte d’Ivoire les ont assurés que bientôt des changements importants affecteraient le gouvernement ivoirien. Craignant que cela ne signifie l’organisation d’un Coup d’État orchestré par la France et n’ait pour conséquence de nouvelles attaques contre les Français, M. Brunet supplie l’Élysée de ne plus soutenir les forces rebelles et d’apaiser les relations avec le président Gbagbo.