Q - Quels sont les objectifs de la mission interministérielle, que vous dirigez ?

R - Nous nous consacrons entièrement à la reconstruction de l’Irak et travaillons avec les administrations, les entreprises et les ONG susceptibles d’y participer. La mission s’efforce de faciliter les efforts des entreprises qui veulent participer à la reconstruction. Nous avons envoyé des experts indépendants pour évaluer les difficultés du secteur énergétique et de l’eau. Nous disposons d’une structure opérationnelle, "France coopération internationale", qui prend en charge le portage des experts envoyés en mission.

Q - Comment travaillez-vous avec les entreprises françaises ?

R - Tout dépend de nos interlocuteurs. Nous avons de grands groupes qui travaillent depuis plusieurs décennies avec l’Irak, des PME qui ont découvert le pays avec le programme "Pétrole contre nourriture", et de nouvelles entreprises qui s’intéressent à la reconstruction. L’essentiel de notre mission consiste à faire comprendre l’évolution politique et la logique de la reconstruction. Au début, il a fallu les rassurer : certaines baignaient encore dans une atmosphère de tensions politiques. Nous leur donnons aussi des informations sur les conditions de travail en Irak. Les problèmes de sécurité sont réels mais, avec les précautions nécessaires, on peut commencer à prendre des contacts.

Q - Quels sont vos rapports avec l’administration Bremer et comment jugez-vous son action ?

R - La reconstruction de l’Irak est une vaste affaire qui nécessite la coopération de tous. Le temps des polémiques est révolu et il en va de l’intérêt général que l’opération de stabilisation et de reconstruction réussisse. Nous n’avons aucun intérêt à réveiller les querelles. D’autant que les entreprises françaises, par leur connaissance du pays, ont des atouts à faire valoir dans les secteurs de l’eau, de l’électricité, des télécoms, du BTP, de la santé, du pétrolier... A la rentrée, des projets plus articulés seront ouverts à des entreprises françaises. La reconstruction exige le rétablissement de la sécurité et la participation la plus active des Irakiens. Les fronts politiques et sécuritaires doivent avancer. C’est la responsabilité de la coalition et ce n’est pas à moi de juger son action.

Q - La France a-t-elle coordonné son action avec ses partenaires européens pour la reconstruction ?

R - Les divergences apparues lors de la crise n’ont pas favorisé une réponse unifiée. Cependant, la préparation de la conférence des donateurs, prévue pour octobre, a permis de dégager des convergences : l’établissement de perspectives financières claires ; la transparence de la gestion du fond de développement de l’Irak alimenté par les ressources pétrolières ; le développement d’un processus politique. Sinon, il faut reconnaître que quatre ou cinq pays européens, grâce à leurs grandes entreprises, sont capables d’offrir des schémas techniques et financiers pour la reconstruction. Et là, "business is business"./.