Q - Deux Mirage français vont décoller, tout à l’heure, de la base aérienne d’Istres dans les Bouches-du-Rhône, des Mirage IV, spécialisés dans les photographies aériennes. Ils partent pour le Golfe, épauler les inspecteurs en désarmement qui sillonnent actuellement l’Iraq. Le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, est avec nous pour en parler, cela vient clairement à l’appui, Madame, de la volonté de la France de renforcer les inspections, c’est cela ?

R - Effectivement. Devant l’ONU, Dominique de Villepin avait dit que la France estimait indispensable d’obtenir que l’Iraq élimine ses armes de destruction massive et que, pour cela, il fallait apporter le maximum d’aide aux inspecteurs des Nations unies et renforcer leurs possibilités. Nous leur avons proposé de mettre, à leur disposition, nos Mirage IV, après leur acceptation et après également l’acceptation des autorités concernées, pour que nous puissions poser non seulement les Mirage, mais l’ensemble du détachement qui les accompagne, c’est-à-dire deux avions ravitailleurs et une équipe de soutien et d’exploitation, d’environ 70 militaires. Nos avions partent donc ce matin de la base d’Istres.

Q - Alors, quelles sont les forces techniques de ces Mirage ?

R - Leur spécificité, c’est d’être extrêmement souples. D’abord ils peuvent voler relativement bas et à une vitesse qui est modulable, par rapport aux U2. Les U2 volent très lentement mais, en même temps, ils couvrent un territoire qui est donc différent de celui des Mirage IV.

Q - Et ils prennent des photos ?

R - Les Mirage IV prennent des photos, qui sont ensuite examinées, exploitées. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il y a une équipe importante qui accompagne les Mirage IV.

Q - Donc il y a des avions ravitailleurs avec eux, c’est-à-dire que les Mirage pourront survoler l’ensemble du territoire de l’Iraq ?

R - Grâce aux ravitailleurs, ils pourront voler pendant très longtemps puisqu’ils auront la possibilité de prolonger leur mission au-delà même de la première capacité d’un réservoir. Ils pourront donc suivre une situation, sur zone, avec une grande flexibilité pendant que se déroulent des inspections sur le sol iraquien, et c’est donc un élément très important pour les inspecteurs.

Q - Alors, concrètement, comment cela va-t-il se passer ? C’est les inspecteurs qui vont leur donner des ordres de mission ? On voudrait une photo là-bas, là-bas...

R - Voilà, il y aura deux types de missions pour les Mirage IV. Il y aura d’une part des missions planifiées de survol de l’Iraq, qui auront été préparées avec les inspecteurs, et d’autre part, il y aura, également, la possibilité que les Mirage IV effectuent des missions d’opportunité sur certains sites. Qu’est-ce que c’est des missions d’opportunité ? Ce sont des missions qui sont fixées en dernière minute, par exemple le matin même, à la demande des observateurs en Iraq.

Q - Oui, parce qu’on sait que les Américains soupçonnent les Iraquiens d’écouter les inspecteurs et, justement, de réagir aux ordres qui sont donnés, donc l’effet de surprise sera complètement maintenu ?

R - Exactement. De la même façon qu’il y a des inspections au sol qui sont programmées aujourd’hui, d’autres seront en quelque sorte improvisées. Ce sera la même chose en ce qui concerne cette recherche de renseignement, par voie aérienne.

Q - Ces Mirage seront basés en Arabie saoudite ?

R - Ces Mirage seront sur une des bases du Golfe, dont je ne peux..

Q - Secrète ?

R - Voilà.

Q - C’est le secret. On peut… cela n’engage à rien, mais préciser aux auditeurs, qu’il y a déjà huit Mirage français sur une base d’Arabie saoudite, qui contrôlaient en fait la zone d’exclusion aérienne au sud de l’Iraq.

R - Oui. Il y a également d’autres bases dans lesquelles se trouvent régulièrement des avions français. Je pense notamment au Qatar par exemple.

Q - Alors, on a appris que le Charles de Gaulle allait partir en opération début mars, et c’est vrai que, bon, on se pose des questions.

R - Le Charles de Gaulle est actuellement dans une période d’entraînement. Il est parti de Toulon le 4 février, pour une période d’exercices et également pour une remise à niveau opérationnelle. Il sera de retour le 25 février, comme c’était programmé. A ce moment-là, l’équipage profitera de quelques jours de congés. Il repartira, début mars, pour une nouvelle période d’entraînement en Méditerranée. Il n’y a pas plus d’interprétation à faire de ce nouveau départ qu’il n’y en avait à faire le 4 février. Je crois que les circonstances d’ailleurs, ont montré qu’il n’y avait pas de raison de faire ces interprétations./.

Source : ministère français de la Défense