Un an et demi après la signature de l’accord de Bonn, une délégation de huit députés européens, conduite par M. Philippe MORILLON (PPE-DE, F), vient de se rendre en Afghanistan pendant une semaine pour se rendre compte sur place des problèmes liés à la reconstruction du pays. Les autres membres de la délégation étaient M. Demetrio VOLCIC (PSE, I), M. Per GAHRTON (Verts/ALE, S), Mme Ursula STENZEL (PPE-DE, A), M. Nirj DEVA (PPE-DE, RU), M. Glyn FORD (PSE, RU), M. André BRIE (GUE/NGL, D) et Mme Marielle DE SARNEZ (PPE-DE, F).

Arrivée à Kaboul le 11 juin, la délégation a eu notamment des entretiens avec le Président Hamid Karzai, avec l’ancien roi Zaher Shah ainsi que les ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur et de la condition de la femme, ainsi que les vice-présidents chargés de la réforme administrative et du processus constitutionnel, la commission indépendante des droits de l’homme, le représentant spécial de l’Onu, M. Lakhdar Brahimi, et de nombreuses organisations non-gouvernementales afghanes et internationales travaillant à la reconstruction du pays et aux programmes d’aide humanitaire. La délégation a aussi été informée sur les questions de sécurité par l’ISAF, la Force internationale de sécurité.

La délégation a apprécié les efforts faits jusqu’à présent par les autorités de transition avec l’aide de la communauté internationale. Néanmoins, les députés se sont dits inquiets de la situation en termes de sécurité, du faible engagement de la communauté internationale et de l’état d’avancement du processus de démocratisation. La lassitude après de nombreuses années de guerre et la volonté du peuple afghan de vivre dans la paix et la sécurité permettent d’envisager l’avenir avec espoir. Mais les défis restent énormes, selon les députés, et une assistance continue et plus massive de la communauté internationale est aujourd’hui nécessaire.

Parmi les problèmes-clés, la délégation a relevé la nécessité d’une sécurité renforcée par la création d’une armée et d’une police fortes et ethniquement équilibrées et, parallèlement, la nécessité de désarmer et de démobiliser les milices et de mettre sur pied une structure de réconciliation. Le processus constitutionnel devrait prendre dûment en compte la volonté de la population au travers d’une « Loya Jirga » (Grand Conseil, le plus haut organe représentatif du pays) représentative. Les élections, prévues pour 2004, nécessitent une préparation et un soutien administratif appropriés, sans intimidation, et un système électoral qui permette la plus grande participation et représentation possibles, sans discrimination ethnique, régionale ou sexuelle. L’assistance humanitaire et l’aide au développement doivent se poursuivre, en particulier dans les domaines de la fourniture d’eau potable, des soins de santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’accueil des anciens réfugiés. Les députés estiment que le respect des droits de l’homme, en particulier ceux des femmes et des enfants, doit faire partie intégrante de toutes les politiques nationales et des programmes couverts par l’assistance internationale. Enfin, de nouvelles réformes des ministères de la Défense et de l’Intérieur sont nécessaires afin d’assurer que ces organismes représentent totalement la diversité du pays et que l’armée et la police nationales naissantes puissent assurer la sécurité, le respect de la loi et le maintien de l’ordre pour tous.

Les députés ont souligné que l’Union européenne est déterminée à ne pas abandonner le peuple afghan comme cela avait été fait par la communauté internationale en 1992, lorsque le pays est tombé dans une guerre civile devastatrice. La délégation a indiqué que le PE fera tout ce qui est en son pouvoir pour s’assurer que l’Europe remplira ses engagements vis-à-vis de l’Afghanistan et appellera tous les autres pays donateurs à faire de même.

Source : Parlement européen