Depuis sa création, la ligne de conduite de LIAISON RWANDA est de défendre la vérité, rien que la vérité sur le Rwanda. Nous avons, dès le départ, clairement fait le choix de démonter les mécanismes qui ont déclenché le génocide car nous pensons que l’amnésie et l’impunité produisent des drames futurs. Or, il apparaît que lorsqu’on dénonce le génocide et ses auteurs, le négationisme et ses partisans, on est vite qualifié de "délateur". C’est cette attaque dont nous faisons l’objet de la part des ennemis de la vérité.

En effet, dans un document de mai 2001, M. Joseph MATATA, coordinateur du centre de lutte contre l’impunité et l’injustice au Rwanda (CLIIR) basée à Bruxelles, range LIAISON RWANDA parmi "les principaux syndicats de délateurs oeuvrant dans les pays occidentaux et manipulés par les membres et propagandistes du FPR". Il qualifie gratuitement l’ensemble des associations humanitaires avec lesquelles nous collaborons d’"Associations proches du FPR et faisant partie du principal réseau extrémiste du FPR en Europe". Il accuse toutes ces associations, pourtant totalement désintéressées, d’être "les plus actives dans la délation et la diabolisation aveugle contre des intellectuels hutu réfugiés un peu partout en Europe" et ajoute que notre bulletin est une "publication interne du réseau" de ces prétendus délateurs.

Bien évidemment, il n’est pas dans nos habitudes de polémiquer sur les prises de positions partisanes, mensongères et politiciennes. Seules les idées qui contribuent à la reconstruction positive du Rwanda et au retour la paix intéressent notre débat et guident notre action. Toutefois, nous trouvons gravissime de laisser circuler des affirmations diffamatoires infondées qui salissent notre engagement. Jamais nous n’avons fait partie d’un quelconque syndicat. Dans nos publications, nous avons toujours fait preuve d’indépendance à l’égard de tout courant politicien et ce choix reste le même. Nous mesurons combien les dérives racistes et l’idéologie exclusiviste ont conduit le Rwanda dans un gouffre épouvantable. Nous ne pouvons donc pas nous engager dans le sillage de ceux qui ont semé la haine au Rwanda, alimenté une politique et un système inadmissibles qui ont décimé plus d’un million de vies humaines.

N’en déplaise à M. MATATA et à ses amis, il n’y a ni au Rwanda, ni en Europe, aucune association de délateurs. Les attaques qui nous frappent se justifient par le fait que nous dénonçons les crimes commis au Rwanda que certains voudraient enterrer. Nous réclamons les poursuites et le jugement des auteurs du génocide exilés en Europe et qui bénéficient très injustement de la protection due aux réfugiés politiques. Le droit d’asile doit être accordée aux personnes menacées et persécutées et non à des criminels. Dans cette optique, LIAISON RWANDA s’unit aux victimes et aux témoins du génocide pour demander l’exercice de la justice. Voilà ce qui gêne M. MATATA et ses acolytes lorsqu’ils accusent de "délateurs" toutes les associations de rescapés et toutes celles qui luttent contre l’oubli et le mensonge sur le génocide.

Tel nous semble être le vrai mobile de M. MATATA quand il nous accuse, sans preuves, d’être des propagandistes du FPR. Nous n’avons aucune tendance politique affichée et nous maintenons cette liberté de choix et d’action. Ceci dit, il importe de s’interroger sur l’action de M. MATATA.. Celui-ci s’illustre dans la défense aveugle de plusieurs personnes impliquées dans le génocide commis sur les Rwandais Tutsi. Il a régulièrement été le témoin à décharge des Rwandais poursuivis pour génocide et qui ont été finalement reconnus coupables de ce crime après jugement. M. MATATA a défendu Jean Paul AKAYESU, premier Rwandais à être reconnu coupable de génocide devant le tribunal pénal international pour le Rwanda. Il a défendu Fulgence NIYONTEZE, jugé en Suisse en 1999, et condamné à 14 ans d’emprisonnement pour crimes de guerre. Très récemment, il a défendu les accusés Rwandais en Belgique, qui ont été finalement condamnés par la cour d’assises de Bruxelles pour leur rôle dans le génocide. Vus ces faits, on est en droit de se demander si M. MATATA n’est pas en train de projeter sur LIAISON RWANDA et ses membres les pratiques ethnistes qui sont les siennes !

Mettons clairement les choses au point. Nous n’avons jamais mis en cause des personnes envers lesquelles nous n’avons aucune preuve de leur participation au génocide. Nous ne dénonçons personne pour le simple fait qu’il est "intellectuel hutu" comme l’affirme M. MATATA. Pour nous, cette attitude relèverait de l’intégrisme raciste et de la haine barbare que nous combattons. Nous ne sommes pas des partisans de l’ethnisme, ni des porte-parole du gouvernement rwandais. Nous sommes des citoyens convaincus de la nécessité de lutter pour la vérité et la justice devant l’ampleur du génocide. Nous ne sommes pas des acteurs d’un projet criminel, mais des artisans de la paix, de la justice, de la vérité et du développement du Rwanda. C’est ça l’essentiel.

(JDB)