Irak : le chemin de la souveraineté

Il y a cinq mois, les courageux hommes et femmes de nos forces armées
achevaient de libérer les 25 millions d’habitants de l’Irak. Ce fut un
triomphe militaire immense. Finies les salles de torture de Saddam
Hussein. Finis ses assassinats en masse et ses chambres de viol. Finie
aussi sa menace à l’Amérique et à la communauté internationale. La
libération fut un acte grand et noble.

Il n’est pas interdit de poser la question suivante : que faire
ensuite ?

Aucune personne réfléchie n’irait suggérer que la coalition gouverne
l’Irak pendant longtemps. Même si les Irakiens jouissent déjà de
libertés qu’ils n’avaient jamais eues avant, liberté n’égale pas
souveraineté et l’occupation ne plaît ni à l’occupant ni à l’occupé.
Nous pensons qu’il faut confier aux Irakiens, dès que possible, la
responsabilité de leur sécurité, de leur développement économique et
de leur régime politique.

Comment cela pourra-t-il se réaliser ?

Les élections constituent la solution évidente en vue de rendre aux
Irakiens leur souveraineté. Mais une élection n’est tout simplement
pas possible pour le moment. Il n’existe aucun registre électoral,
aucune loi électorale, aucun parti politique et aucune circonscription
électorale.

La constitution irakienne actuelle est une recette pour la tyrannie,
dictée par Saddam Hussein. Lorsque ce dernier a fui les forces de la
coalition, emmenant avec lui deux camions bourrés d’argent, il a
laissé le vide. Elire un gouvernement en l’absence d’une constitution
permanente définissant et limitant les pouvoirs de l’Etat est une
invitation à la confusion et à l’abus.

Ainsi donc, pour tenir des élections, les Irakiens ont besoin d’une
nouvelle constitution, qu’ils auront eux-mêmes rédigée. Elle doit
refléter leur culture et leurs convictions. La rédaction d’une
constitution représente, comme tous les Américains le savent, une
entreprise solennelle et importante. Elle ne peut se faire en l’espace
de quelques jours ni de quelques semaines.

Néanmoins, le chemin de la pleine souveraineté irakienne est clair. On
a déjà commencé à le parcourir puisque trois des sept étapes qu’il
comporte ont déjà été franchies.

La première s’est réalisée il y a deux mois lors de la création d’un
Conseil de gouvernement de 25 membres largement représentatifs de la
société irakienne. Ces personnes courageuses, hommes et femmes, se
sont présentées de plein gré pour aider à construire le nouvel Irak.

La deuxième a eu lieu le mois dernier, lorsque le Conseil de
gouvernement a désigné un comité préparatoire chargé d’élaborer le
processus de rédaction d’une constitution.

La troisième étape, la plus importante, consiste à remettre les
opérations quotidiennes de l’Etat entre les mains d’Irakiens. La
semaine dernière, le Conseil de gouvernement a nommé 25 ministres.
Aujourd’hui, chaque ministère irakien est dirigé par un Irakien
désigné par des Irakiens. Ces ministres, qui relèvent du Conseil de
gouvernement, gèrent les affaires de l’Etat et en élaborent la
politique.

Ils se sont déjà attaqués, sans tarder, au budget de 2004, et ils
devront diriger leurs ministères dans le respect de ce budget. La
coalition tient à ce qu’ils exercent un pouvoir réel et les investira
de l’autorité nécessaire à cette fin.

La rédaction de la nouvelle constitution constitue la quatrième étape.
Elle débutera après que le comité préparatoire aura recommandé une
procédure à cette fin au Conseil de gouvernement, avant la fin de ce
mois.

La cinquième étape, qui est la ratification populaire de cette
constitution, est indispensable.

Une fois rédigée, la constitution sera largement diffusée et fera
l’objet de débats et de discussions au sein du peuple. Tous les
Irakiens d’âge adulte seront autorisés à voter pour ou contre la
constitution. Pour la première fois de l’histoire, l’Irak sera dotée
d’une constitution permanente dressée et approuvée par le peuple
irakien.

La sixième étape, l’élection d’un gouvernement, découle naturellement
de la cinquième. Peu après que la constitution aura été plébiscitée,
des élections se tiendront pour remplir les postes électifs qu’elle
aura spécifiés.

Les élus seront choisis au suffrage universel dans le cadre d’une
élection libre.

Lorsque ce gouvernement sera élu, l’Irak se sera doté d’un
gouvernement désigné et sélectionné par les Irakiens. Ce fait, unique
dans l’histoire de ce pays, aura un grand retentissement dans toute la
région quant au pouvoir de la démocratie.

La septième et dernière étape, la dissolution de l’autorité de la
coalition, suivra naturellement la tenue des élections. Une fois que
l’Irak aura un gouvernement librement élu, l’autorité de la coalition
s’empressera de transmettre ses pouvoirs restants à ce gouvernement
irakien souverain.

Ce processus est logique et réaliste. On se heurtera, sans aucun
doute, à des obstacles en cours de route, surtout maintenant que les
terroristes ont décidé de faire de l’Irak un champ de bataille décisif
dans la guerre mondiale contre le terrorisme. Mais le peuple irakien,
avec le soutien entier du gouvernement Bush et de ses partenaires au
sein de la coalition, est sur la voie de la pleine souveraineté
politique.

L’Irak doit faire face à de nombreux problèmes, notamment des
décennies de sous-investissement dans tous les secteurs, allant de
l’industrie pétrolière aux égouts. Les questions de sécurité demeurent
un grave souci. D’autres difficultés se posent également, mais il est
une chose qui n’en pose aucune : nous savons ce qu’il faut faire pour
transformer l’Irak en un Etat souverain.

Hier soir (7 septembre), le président a appelé ses concitoyens à
continuer de soutenir les Irakiens dans leur marche en avant. Je suis
certain que le peuple américain sera, comme il l’est toujours, à la
hauteur de ce nouveau défi.

M. Paul Bremer III est l’administrateur de l’Autorité provisoire de la
coalition en Irak.

Traduction officielle du département d’État