L’Autorité palestinienne a décidé de lancer une offensive diplomatique destinée à forcer Israël à suspendre la construction de la clôture de sécurité en Cisjordanie. Le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a ainsi appelé, lors d’une conférence de presse, la communauté internationale à agir immédiatement pour en arrêter la construction : « J’en appelle à l’opinion publique internationale, au Quartet, à la Ligue arabe et aux pays non-alignés afin qu’ils fassent cesser cette destruction du processus de paix. (…) Jusqu’à quand vont-ils continuer à regarder ces crimes nazis et racistes contre notre peuple ? La clôture engloutit plus de 60 % de notre terre. Qu’est-ce-que cela signifie ? Cela signifie que le gouvernement israélien est en train de saboter le processus de paix. »
Un peu plus tôt, Yasser Arafat avait rencontré un diplomate russe qui lui a transmis une lettre du président Vladimir Poutine. D’après des officiels palestiniens, Arafat aurait en effet demandé à la Russie de jouer un plus grand rôle au Proche-Orient et d’exercer une pression sur Israël pour arrêter la construction de la clôture.
L’Autorité palestinienne a également envoyé, jeudi 2 octobre 2003, des lettres urgentes aux membres du Quartet - les Nations Unies, la Russie, l’Union européenne et les États-Unis - en leur demandant d’intervenir auprès d’Israël sur ce dossier.
D’après Saeb Erekat, négociateur en chef de l’Autorité palestinienne et auteur de ces courriers, « il ne s’agit pas d’une clôture de séparation. C’est une barrière érigée entre les Palestiniens et les Palestiniens. La clôture va directement affecter les vies de plus de 300 000 Palestiniens, notamment ceux qui vivent à Jérusalem. Nous allons également perdre 80 % des puits d’eau de Cisjordanie. »
Dans le même temps, la Syrie, en coordination avec la délégation palestinienne à l’ONU, tâte le terrain en vue de lier une résolution condamnant la clôture à une autre résolution potentielle qui constituerait un appui du Conseil de Sécurité de l’ONU à la feuille de route. Cette formulation permettrait d’éviter un éventuel veto états-unien. La Russie avait déjà commencé à œuvrer pour une résolution de soutien à la feuille de route, mais elle s’est heurtée à l’opposition d’Israël au motif que les deux acteurs ont déjà approuvé le projet et qu’aujourd’hui les actes sont plus importants que les déclarations officielles.
Selon des sources diplomatiques israéliennes citées par le Jerusalem Post, l’idée de présenter une résolution à propos de la clôture devant le Conseil de Sécurité de l’ONU n’aurait pas les faveurs de plusieurs pays arabes proches des États-Unis, tels que l’Égypte, la Jordanie et le Maroc. Selon cette logique, ces pays ne souhaiteraient pas voir les États-Unis placés dans une position où ils doivent à nouveau opposer leur veto à une nouvelle résolution. C’est en effet ce qui s’est passé lors du vote de la résolution condamnant le projet israélien de se débarrasser d’Arafat, suscitant une sentiment anti-états-unien dans leurs pays, ce qui nuit aux intérêts de leurs gouvernants.
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne avaient déjà condamné la projet de clôture de sécurité lors d’une rencontre à Bruxelles au début de la semaine. La déclaration finale sur le Proche-Orient appelait en effet Israël « à geler la construction de la clôture de séparation, qui débouche sur la confiscation de terres palestiniennes, restreint le mouvement des gens et des biens, et met en péril une solution politique juste au conflit ». La Grande-Bretagne et la France ont à nouveau publiquement condamné, jeudi 2 octobre, la décision du gouvernement israélien de poursuivre la construction en Cisjordanie.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« PA mounts anti-fence campaign », par Khaled Abu Toameh et Herb Keinon, Jerusalem Post, 3 octobre 2003.