Le ministre des Affaires étrangères israélien, Silvan Shalom, a déclaré dimanche 26 octobre 2003 que les ministres des Affaires étrangères français et belges avaient offert 7 millions de dollars (environ 6 millions d’euros) à Yossi Beilin pour promouvoir l’accord de Genève auprès de la communauté internationale. Cette information a aussitôt été démentie par le porte-parole de Yossi Beilin.
D’après Silvan Shalom, le gouvernement israélien a fait savoir aux deux pays concernés le ressentiment qu’a suscitée leur intervention dans les affaires intérieures israéliennes, mais s’est abstenu de toute protestation formelle afin de ne pas accorder trop d’importance à la proposition d’accord de paix non officielle négociée par les travaillistes israéliens et leurs interlocuteurs palestiniens, sans que le gouvernement n’en soit informé, ni ne donne son accord.
En revanche, le gouvernement d’Ariel Sharon doit soumettre une protestation formelle au gouvernement suisse, pour son implication dans le financement et l’organisation des réunions israélo-palestiniennes qui ont permis la rédaction du document.
De plus, Tel Aviv souhaite lancer une campagne diplomatique majeure afin d’empêcher l’Union européenne et ses États membres, individuellement, d’apporter leur soutien officiel aux accords de Genève. Israël aurait en effet appris que la ministre des Affaires étrangères suisse, Micheline Calmy-Rey, incitait l’Union européenne à adopter formellement le document comme plan de paix par défaut, en remplacement de la Feuille de route. Cette initiative serait soutenue par la France et le ministre des Affaires étrangères irlandais, Brian Cowan.
Silvan Shalom a ainsi demandé à ses ambassadeurs en Europe de soumettre une protestation diplomatique contre tout soutien au document dans les capitales européennes. Cette protestation n’aura pas trait au contenu de l’accord, mais à son caractère non gouvernemental. Le ministre des Affaires étrangères israélien a comparé cet éventuel soutien des capitales européennes à une implication dans des négociations entre l’opposition espagnole et des leaders basques ou entre des démocrates états-uniens et le gouvernement de Fidel Castro à Cuba.
Depuis quelques semaines, le Premier ministre Ariel Sharon songe à reprendre les négociations diplomatiques avec l’Autorité palestinienne, mais sous une forme encore non définie. Il doit en même temps faire face à l’hostilité de l’Union européenne après qu’il a refusé de recevoir l’émissaire de l’UE au Proche-Orient, Marc Otte, au motif que ce dernier avait également rencontré le président palestinien, Yasser Arafat.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Shalom:France, Belgium offering $7 million to promote Geneva accord », par Gideon Alon et Aluf Benn, Ha’aretz, 27 octobre 2003.