Reuel Marc Gerecht, qui conseilla George W. Bush à propos de l’Iran pendant sa campagne électorale, dénonce dans le New York Times le sabotage de la démocratisation de l’Irak. En effet, la Maison-Blanche a désormais clairement décidé de stabiliser le pays en y installant un régime autoritaire, soutenu par des forces armées autochtones, abandonnant ainsi ses promesses lyriques d’avant-guerre. Cette volte-face ne manquera pas de provoquer à terme un soulèvement des chiites irakiens et de consolider le pouvoir des mollahs en Iran, alors précisément que les stratèges de la Maison-Blanche avaient planifié de les déstabiliser.

L’ancien conseiller spécial de Bill Clinton, Sidney Blumenthal, analyse dans le Guardian les relations Blair-Bush. Il relève que le Premier ministre britannique s’était beaucoup investi dans la question proche-orientale et espérait influer la politique US à ce sujet. Or, ses efforts ont été réduits à néant par Elliot Abrams, un fondamentaliste juif qui siège au Conseil national de sécurité et qui s’est efforcé de saboter les Accords d’Oslo et la Feuille de route.

L’ancien conseiller national de sécurité, Richard V. Allen, tente de rassurer les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 à propos des investigations en cours sur ces événements. En effet, contrairement à un préjugé répandu, la version de l’administration Bush selon laquelle ces attaques ont été perpétrées par des islamistes n’est corroborée par aucune enquête indépendante, ni aucune décision de justice. Or, la seule commission habilitée à enquêter sur ces faits est entrée en conflit avec la Maison-Blanche qui refusait de lui transmettre certains documents, notamment les notes quotidiennes adressées par la CIA au président. En définitive, un accord est intervenu qui autorise la présidence à censurer partiellement ces documents avant transmission aux enquêteurs. Cette procédure a été vivement critiquée par les familles de victimes, qui, depuis la publication de L’Effroyable imposture et de nombreux ouvrages qui lui ont fait suite, soupçonnent l’administration Bush de cacher la vérité. Dans le New York Times, Richard V. Allen tente de relativiser tout cela : les notes quotidiennes de la CIA, pour l’établissement desquelles travaillent des dizaines de milliers de fonctionnaires, ne seraient finalement d’aucun intérêt et cette censure serait donc sans importance. Mais alors, si ces notes sont sans intérêt, pourquoi les censurer ?

Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco, se félicite dans l’International Herald Tribune du travail accompli pour la restauration du site d’Angkor. Grâce aux efforts notamment du Japon et de la France, le Cambodge a pu renouer avec son passé au-delà d’une dictature qui a coûté la vie au cinquième de sa population.

Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la Convention européenne, et ses deux anciens vice-présidents, Giuliano d’Amato et Jean-Luc Dehaene, publient simultanément dans une quinzaine de quotidiens européens la première de leurs épîtres pour défendre leur projet de Traité constitutionnel. Les trois « sages », qui n’hésitent pas à se comparer aux rédacteurs de la Constitution américaine, entendent éclairer leurs concitoyens grâce à une longue série d’articles à venir. Pour l’heure, ils espèrent enthousiasmer les foules en expliquant le règle de vote au sein du Conseil européen. Leur démonstration n’est accessible qu’aux lecteurs connaissant par cœur l’importance de la population de chaque État membre et munis d’une calculette. Il n’est donc pas gagné d’avance qu’elle emporte la conviction.

Enfin dans Le Figaro, le ministre français du Commerce extérieur, François Loos, défend l’idée d’une mondialisation maîtrisée alors que le Forum social européen, réunissant les mouvements altermondialistes, se réunit en région parisienne. On observera avec étonnement la convergence des discours entre partisans et adversaires du système. Le Forum social européen est d’ailleurs largement subventionné, directement ou indirectement, par le gouvernement Raffarin dont il dénonce la politique néo-libérale.