En reprenant des extraits des discours de John Kerry, Dick Gephardt, Joseph Lieberman, John Edwards et Howard Dean, il est facile de faire croire qu’on lit un discours de Donald Rumsfeld. La majorité des candidats démocrates les plus probables en 2004 ont en effet soutenu la guerre en Irak et n’ont pas, hormis Wesley Clark, tenté de convaincre du contraire.
Howard Dean est le principal candidat anti-guerre mais il n’offre pas une vision fondamentalement différente de la politique étrangère américaine et l’élection de 2004 ne sera donc pas un référendum sur les principes de politiques étrangères états-unienne dans l’après 11 septembre. Dean est présenté comme le nouveau George McGovern par les Républicains mais il n’a rien à voir avec l’opposant à la guerre du Vietnam qui inscrivait son opposition à la guerre dans celle à l’endiguement anticommuniste. Au contraire, Dean a soutenu la guerre en Afghanistan et même les frappes israéliennes contre la Syrie. Il ne veut pas réduire les forces militaires états-uniennes et reproche à George W. Bush de ne pas assez combattre Al Qaïda. Bien sûr, il est possible qu’il dissimule sa véritable opinion, mais dans ce cas, cela en dit long sur le débat sur la politique étrangère aux États-Unis.
L’aile gauche du parti démocrate se trompe vraisemblablement sur Dean et cela implique que les partisans de Bush se trompent en se préparant à attaquer une colombe. Mais surtout, cela montre que le monde doit comprendre que la politique étrangère des États-Unis restera stable.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« No George McGovern », Robert Kagan, Washington Post, 17 novembre 2003.