Dans son audition devant la commission sur les renseignements et la sécurité du Premier ministre la veille de son suicide, David Kelly affirma qu’au sein des services de renseignement du ministère de la Défense, il était en liaison avec la « cellule Rockingham » de ce ministère.
Scott Ritter a également parlé de cette cellule. Dans une interview accordée en juin au Scottish Sunday Herald, il affirme que l’« opération Rockingham » a été fondée en 1991 par le ministère de la Défense britannique. Elle avait pour mission de collecter les renseignements sur les armes de destruction massive en Irak, mais elle n’en révélait qu’un faible pourcentage qui laissait croire que l’Irak possédait des armes de destruction massive alors que l’UNSCOM affirmait le contraire. D’après ce qu’a affirmé le brigadier Richard Holmes, dans une audition par la commission parlementaire de la Défense en 1998, seule autre référence officielle à l’opération Rockingham, cette cellule avait un rôle central, mais secret, dans la recherche de preuves de l’existence d’un programme d’armement en Irak. Toutefois, elle avait déjà en tête le résultat des recherches pour des motifs politiques.
Une de ses tactiques consistait à donner de faux renseignements aux inspecteurs en désarmements et ensuite à s’appuyer sur leurs déplacements, pourtant infructueux, pour affirmer que l’Irak possédait des armes de destruction massive. Cette structure est l’homologue du Bureau des plans spéciaux de Donald Rumsfeld. Rockingham fournissait les dossiers qu’elle préparait à la Commission jointe du renseignement sur laquelle s’appuyait officiellement Tony Blair pour accuser l’Irak de pouvoir lancer ses missiles 45 minutes après que l’ordre en soit donné ou d’acheter de l’uranium au Niger. David Kelly estimait pour sa part qu’il n’y avait que 30 % de chance que l’Irak possède des armes interdites.
Il faut s’appuyer sur les conclusions de la commission Hutton pour demander une enquête indépendante sur les opérations des services secrets et leur lien avec le système politique.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The very secret service », par Michael Meacher, The Guardian, 20 novembre 2003.