Le député de la Békaa (région du Liban), Mohsen Dalloul, a fait sensation, dimanche 23 novembre 2003, en évoquant, au cours d’une conférence de presse, le possible départ du Premier ministre du Liban, Rafic Hariri, après le vote du budget 2004.
Assurant que le récent sommet de Damas a été « un grand succès », M. Dalloul a affirmé qu’un changement de gouvernement, « ou au moins du chef du gouvernement », est prévisible, une fois voté le projet de budget 2004 par le Parlement. Dans le même temps, ce proche de Rafic Hariri a affirmé que le départ du Premier ministre serait favorable à ce dernier, dans la mesure où il démontrerait qu’il est irremplaçable.
Ces propos, tenus sur un air entendu et mystérieux, ont été confirmés, selon L’Orient Le Jour, par « des affirmations claires obscures » du ministre de l’Information, Michel Samaha, qui, après avoir estimé dimanche dans une déclaration télévisée qu’un changement de gouvernement est « improbable », a ajouté qu’il ne saurait affirmer avec certitude « ni que le cabinet reste, ni qu’il s’en aille ».
Ces déclarations sont en contradiction avec le bilan officiellement dressé de la rencontre de la semaine passée entre le président libanais Emile Lahoud et son homologue syrien, Bashar al-Assad, puisque les commentateurs y voyaient jusqu’ici l’assurance du maintien du gouvernement jusqu’à la fin du mandat du président Lahoud.
Dimanche, le président syrien a rencontré le ministre des Travaux publics libanais, Négib Mikati, avec lequel il a évoqué, d’après l’Agence nationale d’information, « l’actualité libanaise et régionale ».
Négib Mikati est dépeint par L’Orient Le Jour comme un « proche de Damas, grand brasseur d’affaires », et comme « l’une des personnalités sunnites les mieux placées pour succéder à M. Hariri ». Damas tenterait en effet d’affaiblir l’actuel Premier ministre sur la scène sunnite, « notamment en favorisant l’émergence d’un rassemblement de personnalités sunnites indépendante de sa sphère d’influence. Cet effort coïnciderait avec l’amorce d’un rapprochement du chef de l’État de la base chrétienne ».
D’après le quotidien libanais, « l’audience accordée à M. Mikati reflèterait, selon certains analystes, la volonté de Damas d’affaiblir les deux principaux partenaires du président Lahoud au pouvoir, MM. Hariri et Berry, afin de leur faire comprendre que, s’ils sont les présidents de certaines institutions, seul le chef de l’État est le président du Liban ».

Source
L&8217;Orient Le Jour (Liban)

« Le Premier ministre ne resterait en place que jusqu’au vote du budget, selon Dalloul », par Fady Noun, L’Orient Le Jour, 24 novembre 2003.