Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a mis en garde les Palestiniens, jeudi 27 novembre 2003, en leur conseillant d’arriver à un accord avec Israël sur la base de la Feuille de route plutôt que d’attendre les mesures unilatérales envisagées par Tel Aviv. Cette déclaration semble destinée à contrebalancer les articles de presse récemment consacrés à une éventuelle évacuation des colonies isolées.
Le texte de son intervention indique que le Premier ministre israélien conçoit les « mesures unilatérales » encore indéfinies comme une tentative d’imposer une solution fondée uniquement sur les intérêts d’Israël, au cas où la Feuille de route tomberait en lambeaux.
S’exprimant devant un comité des directeurs de médias israéliens, Ariel Sharon a déclaré : « Peut-être que je vais devenir convaincu qu’il ne sert à rien d’attendre un énième nouveau gouvernement palestinien, mais qu’Israël doit, au lieu de cela, prendre des mesures unilatérales. Les Palestiniens auraient dû déjà avoir compris que ce qu’ils n’ont pas reçu aujourd’hui sera peut être impossible à leur donner demain. S’ils n’avaient pas lancé cette vague d’attaques terroristes, peut-être n’y aurait-il pas eu besoin de la clôture - alors qu’aujourd’hui, nous soutenons la clôture et nous ne nous arrêterons pas ».
Un proche d’Ariel Sharon, cité anonymement par Ha’aretz, précise : « Nous n’attendrons pas un troisième gouvernement palestinien. Si la Feuille de route s’effondre, nous nous embarquerons dans un programme unilatéral ».
Ariel Sharon a refusé de préciser la nature des mesures unilatérales auxquelles il pensait, indiquant seulement qu’elles serviraient les intérêts d’Israël. D’après les informations obtenues de différentes sources, le quotidien israélien estime cependant que « ce plan implique un redéploiement dans la bande de Gaza qui pourrait comprendre l’évacuation des colonies isolées, accompagnée de mouvements de troupes visant à renforcer la mainmise d’Israël sur certaines zones de Cisjordanie que le gouvernement définit comme essentielles à la sécurité du pays » .
Interrogé sur ce sujet, Ariel Sharon a indiqué que le plan devait encore être finalisé, ajoutant simplement qu’il ne ferait de promesses à aucune colonie en particulier. Il a rappelé que, dès 1988, il avait conseillé au Premier ministre Yitzhak Shamir de diviser les territoires :« J’avais dit que si nous ne [la] divisons pas, à la fin, nous serions sous pression pour nous retirer des frontières dessinées en 1967 ».
D’après les rapports des services de renseignement israéliens présentés ces jours derniers au gouvernement, les Palestiniens percevraient des signes de faiblesse et un effondrement imminent d’Israël, à la suite des critiques formulées par les anciens responsables des services de sécurité du Shin Bet et des nouvelles initiatives de paix élaborées par la gauche, telles que les Accords de Genève.
Ariel Sharon a également rencontré, ce jeudi, le ministre de la Justice israélien, Yosef Lapid, qui lui a présenté le programme diplomatique de son parti, le Shinui. Les deux hommes se sont mis d’accord sur la nécessité de prendre des mesures qui augmenteront la motivation des Palestiniens à parvenir à un accord, même si ces mesures n’obtiennent pas immédiatement une contrepartie palestinienne.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« PM : Road map best bet for PA », par Aluf Benn, Ha’aretz, 28 novembre 2003.