Invité à la conférence Herzliya, le ministre des Affaires étrangères israélien, Silvan Shalom, a déclaré de façon véhémente son opposition au projet de retrait unilatéral israélien des territoires occupés, tel qu’il a été proposé par le ministre du Commerce, Ehud Olmert.
Selon lui, il s’agirait d’une « prime au terrorisme ». Cela affaiblirait la capacité israélienne à négocier dans le futur. Il a notamment indiqué que ces mesures unilatérales « ne nous aideront pas à progresser et ne feront pas naître un sentiment d’engagement [en faveur de la Feuille de route] chez les Palestiniens ».
Ces propos font écho à ceux du ministre des Finances, Benjamin Netanyahu, plus tôt dans la journée. Celui-ci avait en effet insisté sur le fait que « l’on doit obtenir quelque chose en échange des mesures prises. Les concessions doivent venir en réponse à quelque chose ». Benjamin Netanyahu est même allé plus loin en insistant sur le fait qu’Israël ne dispose pas de partenaire palestinien pour négocier un accord de statut permanent. Il pense en effet qu’une nouvelle direction palestinienne ne saurait prospérer dans « une société palestinienne empoisonnée qui crée des bataillons de combattants kamikazes ». Selon lui, la construction de la « clôture de sécurité » devrait être accélérée pour séparer les centres de population des deux côtés et empêcher un « exode démographique » des Palestiniens des territoires occupés vers Israël. La clôture devrait également permettre d’assurer la sécurité et la stabilité économique. Le ministre israélien a indiqué à la conférence qu’Israël n’est pas soumis à une menace démographique des Palestiniens qui seront sous contrôle palestinien et bénéficieront prochainement du « droit à disposer d’eux-mêmes ». La menace réelle réside dans la population des Arabes israéliens, puisqu’il est de la plus vitale importance qu’Israël reste un État juif, donc que des politiques d’incitation soient menées pour encourager l’immigration des minorités juives du monde entier.
Pour le ministre des Affaires étrangères, Silvan Shalom, en cas d’échec des négociations avec les Palestiniens, la piste syrienne devrait être explorée. Répondant aux commentaires du président syrien, Bashar al-Assad, qui invitait récemment à la reprise des négociations, il a déclaré que « nous ne devons pas refuser la main tendue pour la paix, même si ce n’est pas pour les bonnes raisons », sous-entendant que la démarche syrienne vise à désamorcer les critiques états-uniennes sur le soutien de Damas aux organisations terroristes.

[CONTEXTE] Le Centre interdisciplinaire d’Herzliya est une université privée installée à proximité de Tel Aviv et financée par des donateurs états-uniens, principalement le trader Marc Rich (Glencore). Elle est l’émanation de l’Institut international de politique sur le contre-terrorisme, qui s’est fait une spécialité de dénoncer des liens supposés entre les mouvements palestiniens de résistance, Al Qaïda et « l’Axe du Mal ». L’institut est notoirement lié au services secrets de l’armée israélienne, dont deux anciens directeurs siègent au Conseil d’administration : les généraux Shlomo Gazit et Eli Zeira. Les locaux de l’Institut jouxtent ceux de la firme privée de télécommunication Odigo qui annonça les attentats du World Trade Center deux heures avant leur perpétration.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Shalom : Israel should explore Assad’s offer of talks », par Aluf Benn et Yair Ettinger, Ha’aretz, 17 décembre 2003.