Le plan Olmert et les déclarations en faveur de « mesures unilatérales » ou annonçant un déplacement des colonies ne sont que de la poudre aux yeux lancée par Ariel Sharon pour détourner l’attention de l’accord de Genève et des scandales financiers qui le rattrape.
La transformation d’Olmert, de faucon vociférant en douce colombe, a été convaincante : dans le même temps, il a été obligé de se soumettre à une demande européenne d’indiquer l’origine des produits d’Israël exportés vers l’Europe, ce qui a suscité la colère des colons à son égard. Suite aux déclarations du ministre, les travaillistes ont sorti leurs costumes de ministres de leurs housses et s’attendent à ce que le Premier ministre renvoie ses ministres d’extrême droite et les rappelle au gouvernement. J’ai pourtant prévenu des dizaines de fois : faites attention à ce que fait Sharon, pas à ce qu’il dit.
Le gouvernement développe le mur à un rythme effréné pour mettre en pièce le territoire palestinien et il développe les colonies. Tout cela entre dans un plan qui n’est pas contredit par les déclarations d’Olmert :
 « Mesures unilatérales » : il n’y aura pas d’accord de paix avec les Palestiniens qui seront enfermés derrière le Mur.
 « Un État avec une majorité à 80% juive » : tous les territoires palestiniens peu peuplés seront annexés, notamment les oliveraies qui entourent certains villages, mais pas les villages.
 « Concessions douloureuses » : Israël abandonnera les centres à forte population palestinienne, ne laissant aux Palestiniens que 10-12% du territoire de la Palestine d’avant 1948.
 « Un État palestinien » : Sharon est prêt - en fait, impatient - à voir ces enclaves appelées « État palestinien ». Cela affranchira Israël de toute responsabilité sur la population. S’ils meurent de faim ou décident de partir, tant mieux.
 « Déplacements de colonies » : les dizaines de petites colonies construites dans les centres de population palestinienne seront transférées dans les zones annexées à Israël, augmentant leur composante juive.
 « Le terrorisme continuera » : ceci ne mettra pas fin à la guerre. Sharon et les siens n’y ont pas intérêt. En ce qui les concerne, elle peut durer éternellement.

Source
Le Courrier de Genève (Suisse)

« Comment Sharon enterre l’Initiative de Genève », par Uri Avnery, Le Courrier de Genève, 17 décembre 2003.