La ministre de l’éducation israélienne, Limor Livnat, a mis en garde, dimanche 4 janvier 2004, contre la menace que font peser sur l’État et le Likoud les extrémistes de droite et les éléments criminels qui ont infiltré le Likoud.
Cet avertissement stupéfiant est intervenu la veille de l’ouverture de la convention du parti israélien, qui doit se tenir lundi 5 à l’Auditorium Mann, à Tel Aviv.
Toute la journée, des militants du Likoud pourront proposer des changements dans la charte du parti, qui seront votés lors de la prochaine convention, en février. Aucun membre de la Knesset ne pourra néanmoins s’exprimer à la tribune à l’exception d’Ariel Sharon.
Limor Livnat a particulièrement visé le chef du mouvement de Direction juive, petite mais bruyante composante du Likoud. Moshe Feiglin a en effet soumis une proposition qui prévoit l’exclusion du parti pour tout parlementaire qui voterait contre la plate-forme idéologique du Likoud. Ainsi, tout élu se prononçant en faveur d’un État palestinien et de concessions territoriales se verrait rayé des listes. D’après la ministre de l’Agriculture, « une minorité de membres du comité central qui ont des intérêts idéologiques et financiers, notamment des éléments criminels, tentent de prendre le contrôle du parti au pouvoir ». Effectivement, la plupart des propositions qui doivent être présentées au cours de la convention de lundi prévoient d’étendre les pouvoirs des membres du comité central par rapport à ceux des élus du Likoud, y compris le Premier ministre.
Un porte-parole du Likoud a répondu à ces accusations en affirmant que de nombreuses propositions prévoient des réformes qui retireraient le pouvoir des mains des groupes d’intérêt dénoncés par Limor Livnat. Il a notamment cité une proposition du ministre sans porte-feuille Uzi Landau qui empêche tout criminel condamné de rejoindre le parti avant dix ans, et une autre qui exige des militants qu’ils soient dans le parti depuis plus de trois ans avant de pouvoir voter ou être élu.
Le livret de 100 pages qui recueille toutes ces propositions d’amendement comprend également celle du député maire de Ra’anana, Uzi Cohen, qui plaide pour un transfert des Palestiniens vers un nouvel État qui serait découpé entre la Jordanie et la Syrie. Moshe Feiglin envisage de son côté d’interdire tout voyage d’un parlementaire du Likoud aux États-Unis, à l’exception du Premier ministre et de son ministre des Affaires étrangères, en attendant la libération de l’espion israélien Jonathan Pollard.
Une autre question centrale est abordée dans ce livret, celle de la succession d’Ariel Sharon en cas de mort ou de démission. Les membres du comité central souhaiteraient en effet pouvoir lui choisir directement un successeur, dans le cas éventuel où la progression des enquêtes judiciaires le visant le contraignaient à démissionner.
D’après un ministre du Likoud cité anonymement par Ha’aretz, Ariel Sharon tentera aujourd’hui d’améliorer son image au sein du parti, « ayant réalisé que l’opposition à sa personne au sein du [parti] pourrait devenir hors de tout contrôle ». Une situation qu’il aurait jusqu’ici négligée.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)

« Livnat says phony Likud activists endanger state », par Gil Hoffman, Jerusalem Post, 5 janvier 2004. « Likud activists to try to gain more power in party convention », par Mazal Mualem et Yossi Verter, Ha’aretz, 5 janvier 2004.