L’élection, dimanche, de Mikhail Saakashvili au poste de président de la Géorgie était la fin prévisible de la « Révolution des roses » qui a entraîné la démission d’Edouard Chevardnarze. Il est par contre difficile de prévoir les réactions de la Russie à l’arrivée au pouvoir du triumvirat Saakashvili-Burdzhanadze-Zhania.
Moscou est engagé de longue date en Géorgie et c’est la médiation d’Igor Ivanov qui a entraîné la démission d’Edouard Chevardnarze. La Russie espère que l’arrivée au pouvoir des trois dirigeants entraînera la restauration des relations entre Moscou et Tbilissi, mais certaines déclarations anti-russes du nouveau pouvoir poussent à l’inquiétude. On craint également que Saakashvili ne décide de mener une campagne militaire contre les républiques sécessionnistes. La Russie est aussi concernée par la sécurité dans le Caucase et n’apprécie pas la liberté d’action des rebelles tchétchènes en Géorgie et les soutiens qu’ils y reçoivent à haut niveau. Les nouveaux dirigeants se sont toutefois exprimés contre cette aide aux rebelles ce qui laisse espérer qu’ils comprennent les préoccupations russes en terme de sécurité.
Les nouveaux dirigeants géorgiens sont jeunes et inexpérimentés. Moscou comprend la volonté du président Saakashvili de restaurer l’intégrité de son pays, mais espère que cela passera par des moyens pacifiques. Toutefois, les relations difficiles que Tbilissi entretient avec sa seule république autonome ne plaident pas en la faveur d’une réunification. La Géorgie doit se rapprocher de Moscou pour se stabiliser économiquement en développant ses exportations, puis se stabiliser politiquement. Elle a beaucoup plus à gagner ainsi qu’en se concentrant sur un pipeline qui contournerait la Russie. Moscou souhaite le succès des nouveaux dirigeants.

Source
Taipei Times (Taïwan)

« Russia only wishes Georgia success in its difficult struggle », par Felix Stanevsky, Taipei Times, 6 janvier 2004.