La « domination de l’information » est un aspect peu discuté, mais significatif, de la stratégie de domination totale du gouvernement états-unien qui intègre plus que jamais les informations et la propagande au cœur des structures de commandements militaires. Alors qu’auparavant, la propagande impliquait la gestion des médias, la domination de l’information met fin à la distinction entre l’information et la propagande et, selon le colonel Kenneth Allard [1], utilise l’information « comme une arme de guerre ».
La domination de l’information est une doctrine militaire états-unienne aujourd’hui adoptée par le Royaume-Uni. Selon le ministère de la Défense britannique, le maintien de la domination de l’information sera aussi important que la protection physique dans les conflits à venir. Pour les experts, cette domination passe, dans un premier temps, par la construction et la défense d’une information amicale et la dégradation des informations reçues par l’adversaire. C’est ce qui a motivé la pratique des « journalistes embarqués » en Irak qui ont émis, selon le ministère de la Défense britannique, 90 % d’articles positifs ou neutres.
Dans un second temps, il faut « nier, dégrader, détruire ou aveugler » les capacités de l’ennemi. C’est ce qui explique les différentes attaques dont a été victime Al-Jazeera, mais les médias de pays amis qui critiqueraient les opérations militaires pourraient également être pris pour cible de l’aveu même des militaires états-uniens.
Il existe déjà 15 groupes d’opérations psychologiques et ils continuent de se développer. Aujourd’hui, L. Paul Bremer mène une guerre contre les journalistes irakiens jugés trop indépendants face à l’autorité provisoire de la Coalition en Irak, tandis que la guerre contre Al-Jazeera et Al-Arabiya se poursuit.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The domination effect », par David Miller, The Guardian, 8 janvier 2004.

[1Le Colonel Allard est le correspondant militaire de la chaîne MSNBC