Les conclusions de la Commission Hutton semblent devoir être l’un des évènements majeurs de l’année politique 2004, mais il ne faut pourtant pas exagéré leur importance. Lord Hutton ne rendra pas un jugement politique et c’est donc à chacun de nous, en nous appuyant sur des éléments désormais publics, de nous faire notre opinion sur cette affaire. Hutton ne se prononcera pas sur l’intégrité de la politique irakienne du gouvernement, mais il nous a donné suffisamment d’éléments pour le faire.
Dans les auditions, il est apparu que les services de renseignement britanniques disposaient de peu de connaissances sur les capacités militaires irakiennes et qu’ils ont embellis leur conclusions pour obtenir des résultats politiques. La BBC n’apparaît pas sans tâche non plus mais, sans oublier ses faute, il faut noter qu’elle a fait plus pour la découverte de la vérité que tous ses détracteurs réunis et qu’elle est la seule à reconnaître ses erreurs.
Il est également évident que le traitement du Dr. Kelly par le gouvernement a été dur et cynique, qu’il a sciemment donné à la presse les indices nécessaires à la découverte de son identité, un découverte qui n’a été inévitable que parce que le Premier ministre l’a voulu. Le gouvernement a exagéré la menace irakienne alors qu’il n’y avait aucune preuve de la poursuite d’un programme d’armement en Irak après 1998. Alastair Campbell et les services du Premier ministre ont participé personnellement à la modifications des rapports transmis au public.
La Commission Hutton a permis la découverte de tous ces éléments. Aujourd’hui, il faut en tenir compte en faisant abstraction de notre opinion sur la guerre en Irak et reconnaître que Tony Blair est indigne de gouverner.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Why wait for Hutton ? », par David Clark, The Guardian, 9 janvier 2004.