Quatre figures clé du conflit israélo-arabe ont récemment reconnu que l’actuelle route vers la paix était impraticable et qu’il fallait donc trouver d’autres voies pour y parvenir. Ehud Olmert a prôné un retrait unilatéral des territoires occupés, Ariel Sharon a déclaré qu’il faudrait démanteler des colonies avec ou sans accord conclu avec l’Autorité palestinienne, Ahmed Qoreï s’est prononcé en faveur de la constitution d’un État binational uni et le Cheikh Ahmed Yassin a déclaré qu’il favoriserait un cessez-le-feu si Israël revenait aux frontières de 1967 et reconnaissait le droit au retour.
On a dit de ces déclarations qu’elles n’étaient que des ballons d’essai ou des menaces voilées et que ces « plans » n’avaient aucune chance de succès du fait de l’opposition de l’administration Bush. Peut-être. Mais en l’état du processus de paix israélo-palestinien, le fait que des propositions soient énoncées est déjà une avancée. Leur multiplication dérive du constat qu’aucun des deux camps n’a rien gagné en trois ans de conflits. Côté israélien cela s’ajoute à une prise de conscience des évolutions démographiques qui viennent remettre en cause la majorité juive sur le territoire et à un sondage annonçant qu’un quart des Israéliens pense à quitter le pays.
Mais le facteur le plus important est l’accord de Genève qui propose une division du territoire revenant aux frontières de 1967. Cet accord a été attaqué de toutes parts, mais a forcé les différents protagonistes à réagir, comme l’a admis Olmert. Grâce à lui, des tabous sont tombés. Les Israéliens parlent de démanteler les colonies et les Palestiniens d’abandonner le droit au retour. Il a démontré que l’approche d’Oslo qui consistait à ne s’attaquer aux problèmes difficiles qu’à la fin n’était pas la bonne.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Mideast Moves Into Future Tense », par Nissim Calderon, Los Angeles Times, 16 janvier 2004.