La réserve diplomatique m’a fait longtemps hésiter avant d’écrire ce texte, cependant je veux expliquer aux Arabes que la situation actuelle en Algérie à l’approche de notre élection présidentielle n’est pas un danger ou une crise, mais un phénomène sain.
Il n’y a pas de tensions, nous sommes simplement sur le chemin qui mène à la liberté et au pluralisme des opinions.
Nous sommes en train de vivre les préliminaires de la démocratie qui va sûrement nous apporter la liberté. Les frictions et les conflits existent, mais ils sont normaux dans ce contexte. Quel pays européen est devenu une démocratie sans avoir son lot de martyrs ? La démocratie est en train de s’installer grâce aux bases qui ont été posées par l’ancien président Liamine Zéroual qui a courageusement décidé de réduire son mandat afin d’instaurer une rotation du pouvoir. Aujourd’hui, il existe également une grande liberté d’expression en Algérie et, si elle entraîne parfois des excès dans les attaques contre les hommes politiques, ceux-ci sont acceptés comme un passage nécessaire dans l’apprentissage de la liberté.
Il est vrai qu’il existe une crise au sein du FLN. Toutefois, il ne s’agit là que de querelles de personnes qui veulent s’emparer des rennes du pouvoir sans en avoir l’expérience. Cette crise n’a pas affecté la population algérienne. Les crises que nous avons connues par le passé étaient le fruit d’un processus durant lequel les responsables politiques ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour préserver l’unité nationale. Il ne faut pas nier leurs efforts et leur sagesse.

Source
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« This Is Our Democracy ! », par Kamal Bushama, Dar-Al-Ayat, 22 janvier 2004.