Le débat sur les évolutions de la démocratie en Russie aux États-Unis durent depuis de longues années, mais il a été relancé par les mesures antidémocratiques adoptées depuis trois ans, l’arrestation de Mikhail Khodorkovsky et les élections de décembre jugées injustes par l’OSCE. Ces évènements ont provoqué l’inquiétude de Condoleezza Rice et de Colin Powell.
Beaucoup dans le monde des affaires états-unien continuent de penser que Vladimir Poutine est une force positive pour la réforme politique et économique du pays, mais ceux qui soutiennent son action politiques sont de moins en moins nombreux. À Washington, l’opinion se divise entre ceux qui pensent que Poutine brise le processus de démocratisation qui avait permis un rapprochement avec l’Occident et qu’il faut exprimer son désaccord vis-à-vis de sa politique, et ceux qui pensent qu’il est dans la continuité d’Eltsine et qu’on peut faire affaire avec une autocratie.
Il semble, quoi qu’il en pense, que George W. Bush soit d’accord avec les seconds puisque, dans son discours de la National Endowment for Democracy, il n’a pas cité la Russie dans la liste des pays où les États-Unis devaient défendre le démocratie et la liberté. Cela est sans doute la conséquence de l’aide de la Russie dans la guerre au terrorisme. La guerre au terrorisme implique cependant également que les États-Unis ne vont pas développer leurs relations avec la Russie car ils sont occupés ailleurs. Cela n’empêche pas certains à Moscou de croire que les États-Unis veulent développer leur influence dans les anciens pays soviétiques alors que ces pays intéressent peu Washington hors des périodes de crise.
En fait, jusqu’aux élections aux États-Unis et compte tenu des tendances autoritaires de Poutine, l’alliance entre les États-Unis et la Russie longtemps évoquée est morte et les relations n’évolueront plus, ni en bien, ni en mal.

Source
Moscow Times (Fédération de Russie)

« Stable and Stagnant Relations », par Michael McFaul, Moscow Times, 11 février 2004.