Mardi 24 février 2004, Vladimir Poutine a annoncé la démission du gouvernement Kassianov, confirmant ainsi par ce limogeage, trois semaines avant les élections, la reprise en main du pouvoir par la "haute police" (l’ex-KGB).
Poutine est un homme aux multiples facettes qui s’adapte à n’importe quel interlocuteur. Il a été entraîné à jouer de nombreux rôles et il a eu de nombreuses images différentes tout au long de sa carrière mais l’ex-KGB a joué un rôle décisif dans les actions du président russe, plus puissant que jamais après la dernière élection législative. Depuis la fin de l’ère soviétique, la Russie a connu une transformation vertigineuse mais parmi les constantes il faut noter la place particulière de la "haute police". Elle a repris le pouvoir politique, comme le montre l’arrestation de Mikhail Khodorkovsky, et veut maintenant sa part du pouvoir économique.
En quatre ans de pouvoir, Poutine a pu s’appuyer sur des parrains puissants : l’armée, pour laquelle il a relancé une politique de puissance comportant un réarmement et la reconstruction de l’influence russe dans les anciennes républiques soviétiques, et les anciens membres de l’ex-KGB qui rêvent d’un retour de la Russie au premier plan international et qui ont été nommés par le président à des postes clés. Poutine a, par ailleurs, élargi les compétences du FSB (l’ex-KGB).
Poutine s’est appuyé sur ses alliés pour constituer un pouvoir personnel fort en dévoyant les principes démocratiques. On ne sait pas encore de ce fait quel sera le sort de Poutine après l’élection du 14 mars et s’il parviendra à s’affranchir de la tutelle de la "haute police".

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Vladimir Poutine et la "haute police" », par Vladimir Fédorovski, Le Figaro, 25 février 2004.