Saisi du rapport intérimaire du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies au Timor-Leste pour la période du 13 mai au 15 août 2005, le Conseil de sécurité a entendu ce matin une présentation du Représentant spécial pour le Timor-Leste sur la situation qui prévaut dans ce pays.

Dans sa présentation au Conseil, M. Sukekiro Hasegawa, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste et Chef du Bureau des Nations Unies au Timor Leste, a déclaré que la situation dans ce pays est restée calme depuis le règlement du différend qui avait opposé l’État et l’Église. D’autre part, a-t-il ajouté, le Timor-Leste n’a connu aucun incident frontalier au cours de la période concernée par le rapport du Secrétaire général. Cependant des heurts se sont produits entre des groupes d’arts martiaux et des groupes liés à des formations politiques, a-t-il indiqué. La police a dû intervenir et a procédé à des saisies d’armes sur l’ordre du Président Gusmao, a ajouté M. Hasegawa. À propos de l’évolution de la situation politique, il a déclaré que les élections locales qui avaient eu lieu au cours de la période couverte par le rapport que le Conseil examinera se sont tenues dans le calme dans six districts du sud et du sud-ouest de Timor-Leste. Le dernier cycle de ces élections locales se tiendra à la fin du mois de septembre à Dili et à Liquida, a dit le Représentant spécial du Secrétaire général. La tenue des scrutins locaux tirant à sa fin, le public focalise désormais son attention sur les futures élections présidentielles et parlementaires, qui sont prévues dans 18 mois, a dit M. Hasegawa.

Concernant ces scrutins parlementaire et présidentiel, M. Hasegawa a indiqué que le Président Gusmao et le Premier Ministre Alkatiri avaient demandé l’assistance de l’ONU à la rédaction des lois électorales en vue de créer un cadre juridique qui s’applique à l’ensemble du territoire timorais. Il a recommandé au Conseil de sécurité de répondre positivement à cette requête des autorités du Timor-Leste. Comme cela a été stipulé par la Constitution, le Conseil supérieur de défense et de sécurité et le Conseil d’État du Timor-Leste ont tous les deux été créés au mois de mai dernier, ce qui donne au Président un soutien institutionnel supplémentaire dans l’accomplissement de ses tâches, a-t-il poursuivi. La restructuration du Gouvernement a été annoncée le 28 juin, et les nouveaux membres du Gouvernement ont prêté serment le 29 juillet, a rappelé le Représentant spécial du Secrétaire général. Sur le front diplomatique, les relations du Timor-Leste avec l’Indonésie et l’Australie continuent de se renforcer, a déclaré M. Hasegawa. Un accord entre le Timor-Leste et l’Australie sur la question du partage des ressources d’hydrocarbures de la Passe de Timor est en train d’être finalisé. Quant aux rapports du Timor-Leste avec l’Indonésie, la Commission ministérielle conjointe entre les deux pays, dont les travaux se sont tenus au mois de juillet, a accepté le principe selon lequel les deux pays devraient trouver un accord sur la délimitation des derniers 4% du tracé de leur frontière commune qui font encore l’objet de contentieux. À la suite de l’Accord frontalier provisoire conclu au mois d’avril au cours de la visite du Président indonésien Yudhoyono, les deux pays ont commencé un processus approfondi de démarcation de leur frontière en conduisant des évaluations dans un certain nombre de localités. L’Indonésie et le Timor-Leste ont d’autre part créé un Commission bilatérale de vérité et d’amitié.

S’agissant du domaine économique, le Représentant spécial a indiqué que les revenus tirés du pétrole et du gaz de la mer de Timor avaient commencé à rentrer dans le budget national et à compenser le soutien déclinant de la communauté international au Timor-Leste. Le Gouvernement a créé un cadre juridique pour la bonne gestion de ces revenus qui devront aussi profiter aux futures générations. Les textes afférant à cette législation ont été unanimement adoptés par l’Assemblée nationale. Les conseillers du Bureau des Nations Unies au Timor-Leste (BUNUTIL) ont apporté leur expertise à la rédaction de ces textes de loi.

Rappelant le mandat de la BUNUTIL, le Représentant spécial a dit que la première composante du Bureau avait pour mission de soutenir les institutions centrales de l’État timorais en leur fournissant 45 conseillers civils qui, en dehors de l’expertise qu’ils apportent au gouvernement, font aussi de la formation, notamment en matière judiciaire. Les efforts des experts du BUNUTIL portent des fruits puisque, aujourd’hui, leurs collègues timorais s’approprient de plus en plus les responsabilités des différentes administrations en charge notamment du maintien de l’ordre, de la justice, du respect des droits de l’homme et de la gouvernance démocratique.

Le Représentant spécial est ensuite passé à la question du développement de la police nationale et de l’Unité de patrouille des frontières. Ainsi, l’unité de police et des conseillers militaires du Bureau des Nations Unies ont mené des évaluations conjointes de chaque unité avec leurs homologues timorais afin d’évaluer les capacité des forces de police et pour mettre au point un plan stratégique pour leur développement. Le 26 juillet, une réunion du Groupe consultatif a eu lieu avec tous les acteurs concernés afin d’examiner les quatre piliers de cette stratégie commune pour le développement de la police. À l’heure actuelle, 15 conseillers militaires mettent en œuvre un programme de formation à l’intention des membres de l’Unité de patrouille des frontières.

Faisant référence à la composante de soutien aux droits de l’homme et à la gouvernance démocratique, le Représentant spécial a rappelé que le Bureau des Nations Unies a nommé six officiers chargés des droits de l’homme auprès d’institutions nationales comme notamment le Cabinet du Premier Ministre, le Ministère des affaires étrangères et le Ministère de l’éducation. Cinq officiers chargés des droits de l’homme ont été désignés auprès d’institutions d’État. Le représentant a annoncé que le Provedor pour les droits de l’homme et la justice a été récemment nommé par le Parlement national. Il s’agit d’une étape importante en matière de transparence et de responsabilité pour l’administration publique non seulement en matière de droits de l’homme mais aussi pour ce qui touche à la lutte contre la corruption. Le BUNUTIL fournira une aide au renforcement des capacités techniques et opérationnelles du Bureau du Provedor ainsi que des Bureaux de l’Inspecteur général et du Procureur général. Par ailleurs, la Commission pour la vérité, réception et réconciliation est sur le point d’achever son rapport qui sera remis au Président de l’Assemblée nationale et au Secrétaire général d’ici la fin du mois d’octobre.

Le BUNUTIL, a encore ajouté le Représentant, discute actuellement de la mise en place d’un registre des crimes les plus graves. Le système judiciaire national a d’ailleurs montré sa capacité à agir dès le retour d’un ancien membre de milices accusé de crimes graves au Timor-Leste. La première audition a au lieu le 4 août et un procès est prévu le 3 septembre.

Source : ONU
Référence : CS/8484