Traditionnellement, les États totalitaires se construisent dans un premier temps par la stigmatisation d’un ennemi extérieur, puis l’attention se tourne vers l’ennemi intérieur menaçant l’âme et l’intégrité de la nation qui se veut implicitement pure et unie. Samuel Huntington vulgarisait en 1993 la théorie du Choc des civilisations et brandissait la menace extérieure que représente la civilisation arabe. Il s’apprête maintenant à jeter l’anathème sur cet ennemi intérieur que représentent les latinos, dont l’attachement excessif à leur culture d’origine et la démographie galopante rendent très difficile l’assimilation au « noyau culturel anglo-protestant ». Dans son ouvrage Qui nous sommes : défis à l’identité nationale américaine à paraître en mai, il appelle à la préservation du projet messianique des premiers colons.
(Notre photo : Samuel Huntington et son ami Lionel Jospin)