La première célébration de la Ashura depuis la chute de Bagdad a été particulièrement sanglante pour les chiites puisque 140 pèlerins iraniens et irakiens sont morts à Bagdad et Karbala dans des attentats et 43 chiites pakistanais sont morts à Quetta au Pakistan. Ces attentats mettent en lumière un grave problème pour l’Amérique : le réveil d’un militantisme sunnite dangereux comme réaction à la résurgence chiite.
Les autorités américaines ont peut-être raison d’affirmer que les attentats en Irak sont le fait d’Al Qaïda, mais il ne fat pas croire qu’il s’agit d’un problème propre à l’Irak. Le mouvement anti-chiite est un phénomène majeur du militantisme sunnite et il est très présent dans le wahabisme. Les croyances anti-chiites sont très répandues dans l’Asie du Sud et l’Afghanistan où les Talibans ont commis des massacres contre les chiites et continuent de les attaquer. Les militants sunnites responsables des attentats en Irak se sont entraînés avec les Talibans et Al Qaïda. Ils ont participé aux massacres des chiites de 1998 en Afghanistan qui ont vu la mort de 2000 d’entre eux. Ramzi Youssef, accusé d’avoir planifié l’attentat de 1993 contre le World Trade Center, est aussi le suspect numéro un dans un attentat qui a visé une mosquée en Iran en 1994.
Aujourd’hui, les chiites sont visés par un regroupement hétéroclite qui ne supporte pas leur ascendant politique dans certains pays du Moyen-Orient. Ce mouvement voit leur résurgence comme une conséquence de l’action états-unienne et ils sont aussi anti-américains. Ces attentats étaient les prémices d’un mouvement plus large. Il faut que les États-Unis affrontent ce mouvement en demandant à l’Arabie saoudite et au Pakistan de cesser leur rhétorique anti-chiite.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Iraq’s Real Holy War », par Vali Nasr, New York Times, 6 mars 2004.