Les derniers attentats en Irak donnent lieu à des interprétations très divergentes. Le professeur Shlomo Avineri considère qu’ils manifestent tragiquement la prise de conscience des sunnites qu’ils ont perdu le pouvoir au profit des chiites. Or les sunnites sont arabes, tandis que les chiites sont aussi persans donc, extrapole-t-il dans le Jerusalem Post, la défaite du sunnisme marque la fin du nationalisme arabe
Au contraire, pour Graham E. Fuller, ancien dirigeant de la CIA, ils illustrent une stratégie de résistance non plus dirigée contre les forces d’occupation, mais contre les collaborateurs, quel qu’en soit le prix pour la population civile. Il sera donc encore plus difficile désormais aux États-Unis de se maintenir dans la région, conclut-il dans le Los Angeles Times.

Daniel Pipes relève dans le Jerusalem Post que la capture de Saddam Hussein a permis d’évacuer Howard Dean de la course à la Maison-Blanche. Il note que celle d’Oussama Ben Laden est d’autant plus nécessaire qu’elle permettrait de se débarrasser de la candidature de John Kerry.

Deux chercheurs, spécialisés dans l’étude de la sécurité transatlantique, Steven Everts et Antonio Missiroli, plaident dans l’International Herald Tribune pour un directoire de grandes puissances en Europe. Revenant aux principes du Congrès de Vienne de 1815, ils souhaitent que la politique étrangère commune de l’Union soit de facto fixée par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Leur autorité serait institutionnalisée au sein d’une sorte de Conseil de sécurité européen sur le modèle du directoire exercé par les cinq grands sur le monde. Notons que pour ces auteurs, ce système viserait à l’efficacité politique, non à l’indépendance de l’Europe, dont le directoire pourrait être un relais régional de l’Empire états-unien.
En termes de satellisation, c’est le Royaume-Uni qui joue aujourd’hui le bon élève. À ce propos, le ministre britannique de l’Intérieur, David Blunkett, franchit un pas de plus dans le sophisme travailliste : dans un discours prononcé aux États-Unis, à Harvard, et reproduit par The Independent, il préconise de repenser les termes classiques de l’équilibre entre sécurité et liberté. Désormais, il faudra peser la défense de la démocratie et celle des valeurs démocratiques. Il est vrai que sous son autorité, le gouvernement Blair aura incarné une étonnante régression des libertés. Il aura été le premier en Europe à assimiler les comportements répressifs états-uniens alors qu’historiquement le Royaume-Uni avait été le premier à adopter l’habeas corpus.

Le président Hugo Chavez a donné un long entretien au Figaro. Il y raconte les manœuvres de son opposition qui a tenté vainement de le renverser par la force et s’emploie aujourd’hui à y parvenir frauduleusement en truquant le processus électoral. Il rappelle son attachement aux exigences formelles de la démocratie et souligne que sa vraie opposition est en fait à Washington. Les États-Unis ne lui pardonnent pas d’avoir ressuscité l’OPEP d’autant qu’il se réserve la possibilité de limiter leur approvisionnement. Enfin, il décrit le rêve bolivarien d’unification démocratique de l’Amérique latine autour d’institutions authentiquement populaires.
C’est un discours beaucoup moins fier que le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, a prononcé devant le Royal Institute of International Affairs de Londres. L’extrait qu’en reproduit The Independant souligne que pour préserver la solution à deux États, il est urgent d’agir, notamment pour garantir une vie décente aux Palestiniens. Qorei sollicite donc les donateurs potentiels et leur assure que les réformes entreprises par son gouvernement permettront une utilisation efficace des fonds récoltés. Surtout, il s’en remet explicitement aux États-Unis pour décider de l’avenir de son peuple.

Toutes les questions proche-orientales sont désormais analysées à l’aune du religieux. Ainsi, Nawaf Obaid résume la politique intérieure saoudienne à un conflit entre le pouvoir modernisateur du prince régent Abdallah et le pouvoir réactionnaire du clergé wahhabite. Dans le Washington Post, il exprime son souhait de voir les politiques s’affranchir des religieux.
De leur côté, les sénateurs Dianne Feinstein et Jon Kyl, qui ont présenté ensemble diverses propositions pour lutter contre le terrorisme de destruction massive bien qu’ils soient de partis opposés, exigent des sanctions contre l’Iran pour violation du Traité de non-prolifération nucléaire. Outre que les accusations portées contre Téhéran sont loin d’être prouvées, la position des deux parlementaires ne manque pas d’aplomb quant on se souvient de l’activisme de Jon Kyl pour que les États-Unis ne signent pas le Traité de non-prolifération et qu’ils dénoncent les traités de limitation de la course aux armements. De même, il est piquant de les entendre stigmatiser l’obscurantisme religieux des mollahs iraniens dans le Washington Times, propriété du révérend Moon.