Les attentats du 11 mars à Madrid ne devraient pas être une surprise pour les observateurs de la longue et sanglante histoire de la lutte du gouvernement espagnol contre le terrorisme. Bien que le gouvernement ait d’abord accusé ETA, l’enquête s’oriente désormais vers les groupes terroristes islamistes.
L’Espagne sert depuis longtemps de refuge à des groupes islamistes qui en ont fait leur base arrière et qui y ont installé des cellules en profitant de la passivité du gouvernement espagnol. La plus impressionnante d’entre elles se trouvait à Madrid et était dirigée par Imad Edin Barakat Yarkas, présenté comme le lieutenant de Ben Laden pour l’Europe. Chargée de la propagande et du financement des réseaux, elle a constitué une légion pan-islamique qui est partie combattre en Bosnie et en Tchétchénie. Elle a présenté un soutien logistique aux islamistes du Pakistan et d’Indonésie. Surtout, elle a financé la cellule de Hambourg, responsable des attentats du 11 septembre.
Depuis le 11 septembre, toutefois, l’Espagne a entrepris de nombreux efforts pour combattre le terrorisme. Le royaume est devenu un des principaux alliés de la liberté dans la guerre au terrorisme. Toutefois, en dépit des efforts, la proximité de l’Espagne avec l’Afrique du Nord et la croissance économique qui nécessite l’arrivée de nombreux travailleurs immigrés légaux et illégaux rendent difficile le contrôle des groupes islamistes. En 2002, 700 000 Africains sont entrés comme touristes en Espagne pour ne plus repartir et même si une faible proportion d’entre eux est islamiste, le nombre peut être effrayant.
Or, ces groupes ont affiché leur volonté de travailler avec ETA. Les médias espagnols, français et italiens ont confirmé au moins trois réunions entre des responsables d’ETA et d’Al Qaïda entre 2000 et 2001. Aujourd’hui, le terrorisme localisé n’existe plus. Ce n’est qu’un mythe propagé par ceux qui refusent d’assumer leurs responsabilités dans la sécurité mondiale.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« The Islamist-ETA terror connection », par David McCormack et Colleen Gilbert, Jerusalem Post, 16 mars 2004.