Les chancelleries d’Argentine et du Brésil ont déclaré ces derniers jours qu’elles voyaient plus de perspectives d’accords entre le Mercosur et l’Union européenne qu’avec la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA). Ce n’est pas une affirmation idéologique, mais une présentation objective de la réalité mondiale et régionale. L’histoire de nos nations facilite les relations entre l’Amérique du Sud et l’Europe. La ZLEA n’est qu’un accord de libre-échange alors que le Mercosur vise à devenir une véritable union politique, culturelle, sociale, commerciale, etc. comme l’Union européenne.
L’Europe, dans les années 50, s’est construite autour du projet de constitution d’un marché commun et nous suivons cette voie également. Nous avançons vers plus d’intégration, conjointement avec la Communauté des nations andines. Cette intégration a d’ailleurs été vantée par Chris Patten, le commissaire européen aux Relations extérieures, qui a appelé à un rapprochement de l’Europe avec l’Amérique latine.
Le Mercosur, la communauté andine et le Chili ont pris la décision d’adopter des positions communes lors des discussions avec les États-Unis au sujet de la ZLEA. Washington a accepté d’avancer dans cette direction, mais refuse pour l’instant de supprimer ses aides agricoles comme nous le réclamons. Par ailleurs, les États-Unis veulent que cet accord serve aux entreprises états-uniennes à accéder à tous les marchés d’Amérique du Sud, comme l’a déclaré Colin Powell au Congrès, et que les pays membres soutiennent désormais la politique étrangères des États-Unis. Les États-Unis veulent s’approprier nos marchés sans contrepartie et cela nous laisse penser que nous sommes donc plus proches de l’Union européenne que de la ZLEA.

Source
Clarin (Argentine)

« Europa, más cerca que el ALCA », par Eduardo Duhalde, Clarin, 18 mars 2004.