Les gouvernements de l’Iran et de la Corée du Nord disposent tous les deux d’atouts à jouer dans leurs négociations au sujet de leurs programmes nucléaires. La Corée, dont le voisin est la Chine, va jouer sur son emplacement géographique pour contraindre les États-Unis à réfléchir deux fois avant de l’attaquer. Dans ce cadre, les Coréens se sont précipités pour établir des relations secrètes avec leurs voisins, tout en exprimant leur volonté de s’associer aux pays de l’Asie du Sud-Est. D’ailleurs, le poids de la Chine, mis à la disposition de Pyongyang, profitera non seulement à cette dernière mais aussi à Pékin qui renforcera dorénavant sa position parmi les grandes forces.
L’Iran, par contre, ne jouit pas de la protection des grandes puissances. Moscou, même si elle est convaincue des bénéfices d’une alliance avec Téhéran et qu’elle souhaite le défendre à l’ONU, partage des intérêts avec les pays occidentaux et les États-Unis. Toutefois, l’Iran se situe géographiquement sur un point sensible. Donc, toute menace militaire visant ses sites nucléaires peut impliquer les pays voisins dans la crise. De même, Téhéran n’hésitera pas à utiliser son arme pétrolière, surtout que le pays produit et détient de grandes réserves d’or noir. Donc, en pleine augmentation du prix des ressources énergétiques, le recours à la force contre Téhéran est peu probable.
Un embargo économique ne semble pas, non plus, être la meilleure solution pour régler l’affaire. Car une telle sanction risque de ne pas faire l’unanimité parmi les pays membres de l’ONU. Ces derniers vont essayer de trouver une issue leur permettant de protéger leurs intérêts, tout en réduisant l’arsenal nucléaire des Ayatollahs, en le limitant à la quantité nécessaire pour mettre en place une source d’énergie nucléaire civile.
La question nucléaire de l’Iran et de la Corée du Nord pourrait représenter le début de la fin de l’unipolarité. Il n’est plus admissible qu’une seule force impose ses décisions ou ses résolutions. De même, une solution pacifique à ce problème nucléaire peut ouvrir d’autres horizons pour résoudre d’autres conflits sans avoir besoin de déclencher des guerres entre les États.

Source
Alriyadh (Arabie saoudite)

«  !!كوريا الشمالية.. وإيران وبينهما لعبة الأقطاب », par Turki Al Soudairi, Al Riyadh, 20 septembre 2005.