La rupture du camp orange est, selon moi, une grosse erreur, dont le pays va pâtir durement. J’ai tout fait pour l’éviter. Il ne faut cependant pas croire que cette rupture entre Viktor Yushchenko et moi marque la défaite de notre révolution démocratique. Nous avons fait entrer l’honnêteté et la morale dans le jeu politique. Les élections parlementaires de mars seront la deuxième étape du processus en cours pour se débarrasser du système clanique et de la corruption.
Le nouveau gouvernement est quasiment le même que l’ancien. C’est la preuve qu’on a voulu se débarrasser de moi. Le nouveau Premier ministre était un proche de l’ancien président Kuchma, le président se rapproche donc de l’ancien régime et a construit un gouvernement technique tout en confiant le pouvoir réel à son entourage. Je suis désormais dans l’opposition et ma fraction défendra nos idéaux démocratiques lors des élections de mars. Nous aurons toutefois une attitude constructive sur des dossiers tels que l’adhésion à l’OMC.
Je reste fier de l’action de mon gouvernement malgré les attaques que nous avons subis. Nous avons augmenté les recettes fiscales sans augmenter les impôts en combattant l’économie souterraine en Ukraine. Nous avons transformé les législations ukrainiennes qui alimentaient la corruption. C’est ce type de système que nous avions voulu développer lors des procédures de re-privatisation. Toutes les accusations concernant le favoritisme dont aurait bénéficié l’oligarque Kolomeïski sont fausses.
J’espère que les tensions politiques en Ukraine ne nuiront pas à l’image de la révolution orange en Occident. Je me suis rendu à Moscou en visite privée et j’ai vu qu’on ne s’y réjouissait pas des difficultés de l’Ukraine. Il faut recréer un partenariat amical et solide avec les Russes. J’ai profité de l’occasion pour démontrer que 90% des accusations lancées venaient en réalité des campagnes de calomnies fomentées à l’intérieur de l’Ukraine par mes adversaires ukrainiens.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Le pays va souffrir durement de la rupture du camp orange », par Yuliya Tymoshenko, Le Figaro, 29 septembre 2005. Ce texte est adapté d’une interview.