René Dumont, candidat écologiste à l’élection présidentielle de 1974, est mort. La presse salue à juste titre son oeuvre d’agronome qui mit en évidence les effets négatifs du productivisme et plaida pour le "développement durable". Elle relate aussi, mais sans débat, son " pacifisme intégral ".

Le Réseau Voltaire rappelle que René Dumont, comme de nombreuses personnes de sa génération, fut profondément marqué par la "Grande guerre" au point d’adopter un "pacifisme intégral" au sein de la Ligue internationale des combattants pour la paix (LICP). Pour qu’on ne connaisse "plus jamais ça !", René Dumont milita d’abord contre la guerre avec l’Allemagne nazie, puis, après la débâcle, pour la Collaboration. Il écrivit des articles très techniques sur l’agriculture dans un grand hebdomadaire fasciste rural, " La Terre française ". Cette publication de propagande soutenait la Révolution nationale de Philippe Pétain, militait pour le retour forcé des citadins à la terre et pour le corporatisme agricole. Les éditoriaux d’André Bettencourt (alors responsable français de la Propaganda Staffel, aujourd’hui actionnaire de référence de L’Oréal et de Nestlé) prêchaient l’union du Christianisme et du Nazisme et appelaient au châtiment des juifs et des francs-maçons. René Dumont émaillait ses articles de considérations politiques. Il citait l’agriculture nazie en modèle, invitait à s’unir derrière "le Maréchal", et exhortait les paysans à faire des enfants pour régénérer la race et disposer d’une main d’oeuvre abondante.

Le Réseau Voltaire salue l’oeuvre de René Dumont en faveur du développement agricole du Tiers-Monde. Il dénonce simultanément le "pacifisme intégral" de la LICP qui, par refus des horreurs de la guerre, conduisit de lâcheté en lâcheté à soutenir l’horreur absolue. Enfin, il invite à une lecture critique de l’oeuvre récente de René Dumont, notamment en ce qui concerne ses conceptions en matière démographique, son analyse des conflits sociaux, et son attitude face à la mécanisation.