Alors que la tempête provoquée par le livre-témoignage de Richard Clarke fait rage (cf. nos éditions de la semaine), le Washington Times met en évidence le manque de sincérité du personnage. Le quotidien conservateur reproduit des extraits d’une conférence de presse de Clarke, en 2002, en parallèle avec d’autres de son audition récente devant la Commission d’enquête sur le 11 septembre. Le haut fonctionnaire y développe deux versions, différentes et incompatibles, des mêmes évènements. Ses récentes accusations sont donc sujettes à caution. Quoi qu’il en soit, la polémique aura obligé de nombreux responsables politiques à s’expliquer. Tous se sont évertués à persuader qu’ils avaient identifié de longue date le danger Al Qaïda et l’avaient combattu, de sorte qu’ils ne pouvaient être accusés de responsabilité passive dans les attentats du 11 septembre. Mais comme seule preuve de leurs allégations a posteriori, ils ont dévoilé la longue préparation de l’attaque de l’Afghanistan. Par conséquent, celle-ci ne peut plus être qualifiée de légitime défense.
Martin Indyk, ancien collaborateur de Bill Clinton, observe dans The Age que la « doctrine des frappes préventives » est morte. Elle n’aura existé que le temps nécessaire à l’administration Bush pour attaquer l’Irak. Aujourd’hui, il ne vient heureusement à l’idée de personne de l’appliquer en Iran ou en Corée du Nord. Elle n’était qu’un artifice rhétorique pour une situation donnée.

L’analyste Patrick Seale énumère dix raisons cyniques qui peuvent expliquer l’assassinat de cheikh Yassine. Elles sont toutes plus terrifiantes les unes que les autres, mais aussi toutes crédibles. Il conclut dans Gulf News : Sharon veut les territoires, pas la paix et est prêt à tout sacrifier à son rêve de Grand Israël.
L’ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili, relève des différences de traitement dans la presse française entre le contre-terrorisme israélien et les contre-terrorismes états-unien et français. Dans Libération, il s’interroge sur la discrimination qu’elle révèle entre les victimes juives et les autres. Ces critiques de l’assassinat de cheikh Yassine sont donc une manifestation d’antisémitisme. Notons que ce raisonnement est exact, lorsqu’on peut en vérifier les prémisses, faux, dans le cas contraire : il est antisémite d’approuver les assassinats ciblés lorsqu’ils sont commandés par George W. Bush et de les condamner lorsqu’ils sont commandés par Ariel Sharon ; mais c’est une preuve d’attachement au droit et à la paix de dénoncer les deux.

David L. Phillips du CSIS déplore les violences au Kosovo. Dans le Los Angeles Times, il renvoie dos-à-dos « Serbes » et « Albanais » et impute la dégradation de la situation au désengagement états-unien. On se contentera d’observer que cet éminent spécialiste utilise une terminologie ethnique, certes assez généralisée, mais pas vraiment neutre. Il n’y a pas de « Serbes », ni d’ « Albanais » au Kosovo, mais des populations serbophones et albanophones. Et ce n’est pas parce que ces derniers parlent la même langue que les Albanais qu’ils doivent fusionner en un seul État. Quant à la responsabilité partagée des dernières violences, elle semble peu probable : les serbophones, qui ne sont plus qu’une infime minorité, en ont été les victimes presque exclusives.

Enfin, l’ambassadeur de la Ligue arabe aux États-Unis, Hussein Hassouma, prend la défense de son organisation dans le Washington Times. La Ligue est beaucoup décriée et elle a, de fait, beaucoup de défauts. Cependant, elle a aussi un bilan dont elle peu fièrement se prévaloir, mais qui précisément indispose les États-Unis : elle soutient notamment l’initiative de paix du prince régent Abdallah.