Magazine mensuel d’ « espionnage » anglo-saxon défendant des thèses qu’on pourrait qualifier d’extrême-droite, Eye Spy consacrait un dossier spécial de son numéro d’octobre 2005 à l’assassinat de Jean-Charles de Menezes dans le métro londonien, le 22 juillet 2005. L’électricien âgé de 27 ans, qui n’avait montré aucun signe suspect en entrant dans la station, avait été abattu à bout portant de plusieurs balles dans la tête par des officiers dont le nom a été tenu secret, alors qu’il venait de prendre place dans un wagon. Ayant d’abord monté un scénario compliqué pour justifier de la bavure, dans lequel de Menezes portait un blouson anormalement épais pour la saison et s’était comporté étrangement, Scotland Yard dut rapidement admettre son tort, sans pour autant faire la lumière sur les faits ni punir les coupables.

Eye Spy, qui se targue de ses sources privilégiées au sein des services spéciaux de Sa Majesté notamment, s’est donc retroussé les manches pour révéler à ses lecteurs les circonstances du drame. Dans un premier dossier, on apprend que le téléphone portable d’Hussain Osman, l’un des auteurs présumés des attentats manqués du 21 juillet, avait été pisté depuis Londres jusqu’en Italie, où ce dernier fut finalement arrêté le 26 juillet grâce aux efforts conjoints de la NSA états-unienne (sic) et du GCHQ (services britanniques).

La partie suivante, qui concerne de Menezes, finit donc après de nombreuses contorsions et images des caméras de surveillance, par lâcher son scoop : de Menezes pourrait, d’après « des sources extrêmement fiables », avoir été confondu avec Hussain Osman, car son « apparence et sa carrure sont similaires ». L’article poursuit en affirmant que ce n’est qu’en s’asseyant près de la victime que les services de surveillance s’aperçurent qu’il ne s’agissait pas d’Osman, mais il était trop tard, car l’autre équipe était déjà en route pour le tuer ! Outre la méthode qui ne semble pas déranger Eye Spy, combien d’hommes dans ce quartier étaient ainsi ce jour-là menacés d’être abattus à bout portant par des officiers incapables de distinguer ne serait-ce qu’un noir d’un blanc ?