Quel est l’intérêt des États-Unis d’encourager la démocratie au Moyen Orient ? Il est souhaitable que les musulmans prennent leur propre avenir en main. Il faut qu’ils discutent ensemble, se disputent, se crient dessus… c’est le seul moyen pour éroder la mentalité du djihadisme et la faire s’effondrer.
Le camp laïc et libéral en Occident nous accuse de prendre le risque de voir les Frères musulmans ou autres partis islamistes fondamentalistes arriver au pouvoir. Pourtant il faut savoir que les Frères musulmans sont fondamentalistes, mais ils ne sont pas djihadistes. Les traditions culturelles des musulmans, l’importance qu’ils accordent à la charia, tout cela ne signifie pas automatiquement qu’ils sont plus favorables à la dictature que d’autres personnes. Depuis la Deuxième Guerre mondiale ils ont eu à subir des expériences extrêmement douloureuses sous différentes dictatures et cette répression leur a fait réaliser qu’ils devaient se tourner vers une autre forme de gouvernement politique. Mais les libéraux et les progressistes comme nous n’ont que peu de chances de défaire le Ben-Ladenisme sur un plan philosophique. Nous ne pouvons pas gagner les cœurs et les esprits, nous n’avons pas assez d’influence sur la grande majorité de la population du Moyen Orient, qui se définit de plus en plus à partir de critères religieux. La laïcité y a mauvaise réputation car elle est trop étroitement associée aux dictatures soutenues par l’Occident et aux mœurs dissolues de la société occidentale. Les seuls qui peuvent vaincre l’idéologie du jihadisme sont les fondamentalistes islamiques.

Source
Die Welt (Allemagne)

« Die Demokratisierung im Irak macht Fortschritte », par Reuel Marc Gerecht, Die Welt, 20 octobre 2005.