Les récents déclenchements de violences ethniques au Kosovo ont conduit la communauté internationale à repenser son approche. L’idée d’une partition du territoire fait son chemin. Toutefois, cela ne veut pas dire que, jusqu’ici, la politique menée a été un échec.
Si après la guerre au Kosovo, la communauté internationale a décidé de repousser sine die, une décision sur un statut final, ce n’est pas parce qu’elle a eu la naïveté de croire que l’attente entraînerait la réconciliation ethnique, mais parce qu’elle a compris que le Kosovo n’accepterait jamais la domination de Belgrade à nouveau. Reconnaître ce fait aurait encouragé les tendances séparatistes dans les Balkans, revigoré le nationalisme serbe et rendu moins probable une révolution démocratique dans ce pays. En différant la résolution de la question kosovare, la Serbie a pu connaître sa révolution démocratique, bien qu’incomplète, et les pays voisins ont pu se stabiliser. Toutefois, dans le même temps, la communauté internationale s’est détournée du Kosovo et les populations locales perdent patience.
Aujourd’hui, c’est l’absence de statut qui est un facteur de déstabilisation pour la région et il n’y a que deux solutions envisageables : l’indépendance de la province entière avec des troupes de l’OTAN présentes pour protéger les populations serbes ou la partition du territoire, ce qui amènerait une part du territoire à revenir dans le giron serbe. Chacune des options entraînera un développement des tendances séparatistes en Macédoine, Bosnie et Monténégro, mais la solution préservant l’intégrité territoriale du Kosovo est la meilleure.
Aujourd’hui, la situation n’est plus la même qu’en 1999 et le Kosovo est mieux préparé à se gouverner.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Kosovo : Delaying is the least-bad option », par James Dobbins, International Herald Tribune, 2 avril 2004.