La crédibilité de Richard Clarke, l’ancien responsable de la lutte antiterroriste sous Bill Clinton est en train de s’effondrer au fur et à mesure que ses erreurs et omissions sont révélées. Je peux personnellement rajouter une erreur à la liste qu’on lui impute : la croyance de Clarke dans le fait que le terrorisme islamique n’est que le fait d’un petit nombre d’individus, sans soutien étatique. Des années de recherches m’ont convaincue que des États soutiennent le terrorisme et ce fut notamment le cas de l’Irak de Saddam Hussein.
Clarke est un homme intolérant vis-à-vis de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Quand il voit qu’il ne peut gagner dans un débat, il triche sur les faits. Ainsi, il affirme que les liens entre Ramzi Youssef, responsable de l’attentat de 1993 contre le World Trade Center, et l’Irak sont peu crédibles alors que les preuves de ces liens ont impressionné Richard Perle, ancien président du Defense Policy Board du Pentagone et James Woolsey, ancien directeur de la CIA [1].
Ainsi, Ramzi Youssef est entré aux États-Unis avec un passeport irakien en 1992, mais Clarke affirme qu’il est entré sans passeport. Le seul responsable des attentats encore en fuite, Abdul Rahman Yassin, est irakien et a fuit en Irak où le régime lui a offert une maison, mais Clarke affirme qu’il a été en réalité emprisonné en Irak. Sur les sept hommes inculpés pour ces attentats, deux avaient des connections irakiennes, mais Clarke affirme que douze homme ont été inculpés pour diminuer la proportion. Alors que la justice ignore le vrai nom de « Ramzi Youssef », Clarke affirme dans son livre qu’il s’agit d’un pakistanais élevé au Koweit du nom d’Abdul Basit. En réalité, Abdul Basit Karim est une vraie personne dont l’identité a été usurpée par « Ramzi Youssef » grâce à une falsification des papiers koweïtiens effectuée par les autorités irakiennes pendant l’occupation. Le cerveau de l’opération, Khalid Sheikh Mohammed, est une autre identité fabriquée par le même procédé selon les services de renseignement israéliens.
M. Clarke fait preuve du même aveuglement que Bill Clinton sur les liens d’Al Qaïda avec l’Irak.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« Very Awkward Facts », par Laurie Mylroie, Wall Street Journal, 3 avril 2004.

[1Richard Perle et James Woolsey sont, en outre, experts du cabinet de relations publiques Benador Associates, comme l’auteur de ce texte