Le Monde digère décidément mal la critique. Cible permanente des publications consacrées à la critique-média (ACRIMED, Pour Lire Pas Lu), le premier quotidien français donne son opinion sur ce genre de travaux, sous la plume de Nicolas Weill. Celui-ci rend compte, dans un article paru dans Le Monde des Livres du 2 avril 2004, d’une thèse consacrée au journalisme et récemment éditée. En fin de colonne, il assimile « la critique du journalisme au XIXe et au début du XXe siècle » à l’antisémitisme, « le journalisme étant chez certains considéré comme la profession par excellence des juifs ». Et Le Monde de conclure : « il n’est pas interdit de penser que sur ce point aussi, la haine du journalisme épouse celle de la démocratie et des Lumières symbolisés par l’émancipation des minorités ». Ainsi donc, par un étrange renversement de la pensée, la critique, dès lors qu’elle s’adresse aux médias, serait l’expression d’une haine et non l’outil qui apporte les Lumières.