Edward M. Kennedy a affirmé dans un récent discours que l’Irak serait le Vietnam de George W. Bush. La réalité est bien pire et l’Irak pourrait en réalité être l’Algérie de l’Amérique.
Jour après jour, cette sale guerre devient plus sale : les troupes états-unienne et de la Coalition subissent des pertes, des civils irakiens sont tués dans des échanges de tirs et des mauvais traitements sur les prisonniers sont de plus en plus nombreux. Nous sommes dans une situation de guérilla urbaine, un type de guerre radicalement différente de celles où, par le passé, les États-Unis ont eu à affronter des guérillas. Ici, c’est le tissu urbain, et pas les montagnes ou la jungle, qui est l’environnement idéal de la guérilla. Durant la guerre d’Algérie, pour détruire le FLN, les autorités françaises estimèrent que les tactiques conventionnelles ne pouvaient pas fonctionner et ils utilisèrent donc la torture systématique, les exécutions extrajudiciaires et leur propre forme de terrorisme. Cela permis de reprendre le contrôle d’Alger, mais cela mobilisa la population algérienne contre toute possibilité de maintien de la domination française sur le pays.
Cette histoire est très bien rendue dans le docu-drama de Gillo Pontecorvo de 1967, « La Bataille d’Alger », un film visionné l’an dernier par les responsables du Pentagone. Il semble malheureusement que les militaires se soient plus inspirés des méthodes décrites dans le film que de sa leçon : l’emploi abusif de la force ne nous fera pas gagner en Irak.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« A Descent Into Dishonor », par Andrew J. Bacevich, Los Angeles Times, 8 avril 2004.