Il est désormais évident que les responsables de haut niveau de la communauté du renseignement australiens ont orienté leur travail en fonction des préférences politiques d’un petit groupe attaché à la protection des élites indonésiennes. Cela a entraîné des débâcles comme la mort de plus de 1 000 personnes au Timor oriental en 1999 ou la mort de 88 personnes à Bali. Le mensonge sur les raisons de l’engagement de l’Australie dans la Guerre d’Irak participe également de cette logique.
En effet, dans ces trois cas, on a détourné des informations dont on disposait pour satisfaire un allié. Au cœur de l’establishment australien existe un « lobby pro-Jakarta » qui détourne l’action gouvernementale pour défendre les militaires indonésiens. Cela a été démontré par le rapport Toohey. Cette pratique a fini par développer les habitudes de distorsion des informations qui ont conduit aux fausses justifications de la Guerre d’Irak.
L’appel au secret d’État et le fonctionnement des institutions font que les responsables doivent rarement rendre compte de leurs pratiques dans ce domaine. Ce n’est pas la constitution d’une commission d’enquête sur l’Irak confiée à Philip Flood, ancien ambassadeur à Djakarta ayant exercé des responsabilités dans le renseignement australien, et président de l’institut australo-indonésien qui va faire évoluer cette pratique.

Source
The Age (Australie)

« Australia’s failure of intelligence », par Damien Kingsbury, The Age, 15 avril 2004.