Le réexamen de la réponse de l’administration Bush au 11 septembre a laissé dans l’ombre des erreurs beaucoup plus importantes que celles commises avant les attentats. Il n’y a pas de doutes que l’administration Bush aurait pu faire plus avant et après les attentats, mais les accusations contre elle sont injustes compte tenu du grand nombre de menaces qui avaient été identifiées par les services de renseignement.
On peut cependant reprocher à l’administration Bush de ne pas s’être rendue compte que les forces états-uniennes étaient trop petiotes et qu’il était pourtant nécessaire de déployer de larges forces terrestres en Afghanistan et en Irak. Cela fait dix ans que les observateurs constatent que l’armée états-unienne est trop petite et que la réduction de sa taille après la Guerre froide a été trop drastique. Le 11 septembre aurait dû changer cela, mais ce n’est pas le cas et l’Army est aujourd’hui plus petite qu’elle ne l’était en 1997. Cela a permis, faute de troupes, aux combattants d’Al Qaïda de quitter l’Afghanistan, pays qui n’est toujours pas stabilisé. Cela a permis en Irak à 15 000 membres de la Garde nationale de se mêler à la population avec leurs armes et de former le cœur de la résistance. Le manque de troupes à Bagdad a permis des pillages qui ont décrédibilisé l’armée états-unienne.
À ces échecs viennent s’ajouter des erreurs de compréhension. Cette administration pense que la guerre ne consiste qu’à détruire des cibles, que la technologie est suprême et que les troupes au sol ne sont pas nécessaires alors que celles-ci sont justement essentielles dans l’occupation d’un pays. Il faut accroître le nombre de nos troupes en Irak quitte à atteindre le moral des troupes en réduisant les durées de permissions. Surtout, que se passerait-il si une nouvelle crise survenait ? De quelles troupes disposerions-nous ?

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Stretched Thin », par Frederick W. Kagan, Washington Post, 18 avril 2004.