Le dernier mois a vu une série d’évènements qui ont attiré l’attention de l’opinion et des médias sur la façon dont l’Amérique gérait la question du terrorisme. Si nous, Américains, parvenons à tirer les bons enseignements, cela sera une part essentielle de notre future victoire. J’ai essayé dans mon livre d’énoncer certains de ces enseignements et beaucoup en attendent d’autres venant de la Commission d’enquête sur 11 septembre, mais les efforts de cette dernières sont faussées par les réactions partisanes.
Une des leçons que nous pouvons retenir est que l’Amérique n’est pas menacée d’une guerre des civilisations, mais par une guerre civile à l’intérieur de l’islam entre modérés et radicaux islamistes. Cette guerre, nous sommes en train de la perdre car l’antipathie pour les États-Unis s’accroît à mesure que le respect pour les combattants jihadistes s’accroît. Je ne prétends pas savoir exactement comment gagner cette guerre des idées, mais je sais en tout cas que nous ne pouvons la gagner qu’avec l’aide des Arabes et que l’invasion de l’Irak rend la coopération plus difficile. Il est également clair que nous ne gagnerons pas leur sympathie en faisant des MTV et des CNN arabes. De même, les appels à la démocratie ne seront pas entendus tant qu’ils seront lancés par un président qui est en train de démocratiser un pays arabe à la baïonnette. Nos efforts de démocratisation ne doivent en outre pas saper les régimes existants, l’abandon du Shah d’Iran par Jimmy Carter et ses conséquences doivent nous le rappeler. Cette guerre des idées implique que nous trouvions un contrepoids à Ben Laden et aux imams radicaux.
L’autre grande leçons à retenir est que les services de renseignement et de sécurité états-uniens n’ont pas totalement perçu la gravité de la menace avant le 11 septembre. La Commission d’enquête sur 11 septembre et le président semblent vouloir remédier à ce problème en créant un poste de directeur national du renseignement et en créant un nouvelle agence de renseignement intérieur, sur le modèle du MI5 britannique. C’est une mauvaise solution car un directeur central ne pourra agir que de façon marginale et parce que nous n’avons pas besoin d’une nouvelle agence. Nous avons besoin d’un FBI renforcé, sorti de la logique carriériste de ses membres et qui sera assisté par des personnes qui ne sont pas issues de son sein et qui apporteront de nouvelles idées.
Mais le plus important est surtout que ces questions fassent l’objet d’un débat public.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).

« Lessons from the Sept. 11 inquiry », par Richard Clarke, International Herald Tribune, 27 avril 2004.