Note préalable du traducteur : Ce compte-rendu non officiel est pour l’essentiel une libre traduction de celui de Michael C. Ruppert (http://www.fromthewilderness.com). Je tiens à préciser que l’absence totale de journalistes français, même d’investigation, ou le peu de représentants politiques français autres que ceux du lobby nucléaire, est consternante. En effet, lors de cette conférence, une vision réaliste des problèmes énergétiques à venir s’est esquissée, grâce à des scientifiques indépendants qui, après une carrière dans l’industrie, s’engagent pour notre avenir à tous. Face à un « débat national sur l’énergie » trop consensuel et dont les conclusions étaient tirées à l’avance, il serait pourtant sage d’accorder de l’attention aux travaux de l’ASPO avant que les événements nous y obligent pour de bon. Il est vraiment regrettable que ces travaux ne trouvent guère d’écho en France, sinon auprès des promoteurs de l’industrie nucléaire dans les cercles gouvernementaux, qui y voient un bon moyen pour faire avancer leurs dangereuses affaires sans forcément se soucier des conséquences du pic pétrolier dans une perspective plus large. Enfin, je suis désolé pour le délai, je ne fais pas de traduction pour l’argent et j’évolue depuis un an et demi dans le désert médiatique le plus total sur la question du pic pétrolier ; il faut donc trouver la motivation, les encouragements et les conditions nécessaires pour un travail qui aurait dû être fait par d’autres.

Arthur Lepic (Réseau Voltaire), juin 2003.

La conférence parisienne sur le pic pétrolier révèle une crise qui prend de l’ampleur

Par Michael C. Ruppert

30 mai 2003, (FTW), Paris - Les travaux de recherche présentés le 26 et 27 mai à l’institut français du pétrole (IFP), par un large éventail d’experts d’horizons différents et souvent concurrents, ont révélé que, durant l’année écoulée depuis la première conférence de l’ASPO (association pour l’étude du pic mondial de la production pétrolière), les problèmes d’approvisionnement ont pris de l’ampleur et la réalité de la crise énergétique est devenue plus apparente. Une année de violents événements politiques autour du pétrole, de bilans de production toujours plus inquiétants ; tout contribue à forcer peu à peu l’acceptation politique et économique de la menace que représente le pic pétrolier pour la civilisation.
Toutefois, le fondateur de l’ASPO Colin Campbell et ses collègues, l’ancien responsable de l’exploration chez Totalfinaelf Jean Laherrère et le professeur de physique nucléaire Kjell Aleklett, ont de bonnes raisons d’être satisfaits de la deuxième conférence ASPO. Deux cent personnes de vingt pays différents étaient présents, le double de la présence à l’édition inaugurale du mois de mai 2002 à Uppsala en Suède. L’événement était en partie subventionné par l’Institut Français du Pétrole, la société de services pétroliers Schlumberger et le géant français du pétrole Total, ce qui atteste une prise de conscience progressive du pic pétrolier par les milieux gouvernementaux. Le fait que la conférence ait au lieu dans une institution gouvernementale est, selon Colin Campbell, une preuve que même les milieux politiques ne peuvent dorénavant plus ignorer complètement la réalité du pic pétrolier.
Olivier Appert, directeur de l’IFP, a constaté avec lucidité la conclusion de beaucoup d’experts pétroliers selon laquelle la diminution de production est de 5 à 10 % par an et que 60 millions de barils par jour (Mbpd) de capacité supplémentaire sont nécessaires pour satisfaire la demande. S’appuyant sur ces chiffres, il a conclu ses remarques d’introduction en ces termes : « Le temps est venu pour rouvrir le débat. » Appert a néanmoins informé l’audience qu’il était un optimiste, principalement parce qu’il prédit que les nouvelles techniques engendreraient de nouvelles découvertes et de meilleurs taux de recouvrement à l’avenir.

Malgré tout, le soutien officiel à la conférence était loin de la mobilisation politico-économique qui serait nécessaire, selon les organisateurs, pour répondre à une crise pouvant commencer à ronger la croissance des économies nationales et rapidement causer des dommages importants. Comme l’a confié un des organisateurs à FTW, « Le fait que plusieurs gouvernements aient demandé à être « entièrement tenus au courant », que le gouvernement français nous autorise à utiliser ses locaux, ou que des grandes compagnies pétrolières et fabricants d’automobiles comme Daimler-Chrysler viennent présenter leurs travaux est une manière de prêter une oreille attentive à ce que nous faisons, sans pour autant devoir assumer publiquement de ce que nous affirmons. Les implications politiques et économiques du phénomène sont trop graves dans leur perspective, pourtant chaque heure de délai ne fait qu’amplifier la crise qui aura finalement lieu lorsqu’il sera pris en compte. »
L’optimisme du directeur de l’IFP, Mr Appert, était contrecarré par des experts comme Jean Laherrère, dont la brutale honnêteté des graphiques et projections ne reflète pas seulement la véracité de la décroissance des découvertes et de la production, mais établit aussi scientifiquement qu’il n’y a plus de réserves significativement importantes à découvrir. D’autres experts ont définitivement démontré que les espoirs follement démesurés au sujet des gisements polaires, en eaux très profondes ou de l’exploitation des sables bitumeux
sont d’une part infondés, mais aussi dangereusement trompeurs en raison des coûts d’exploitation et des investissements excessifs nécessaires à développer une source qui s’avèrera très décevante en termes de rendement. Au final, les analyses les plus réalistes et intègres ont été présentées par le chercheur en politique et auteur Michael Klare et le professeur Kenneth Deffeyes de Princeton, qui fut jadis le collègue de feu M. King Hubbert, dont la courbe de Hubbert prévoyait les réalités d’aujourd’hui avec une précision déconcertante, il y a de cela 60 ans. Ces deux intervenants ont fait des présentations intègres, incorporant des événements actuels du vrai monde, pour montrer clairement que le pic mondial de production pétrolière est bien réel aujourd’hui.

La BBC donne le La

L’une des premières présentations de la conférence était la projection d’un nouveau documentaire de la BBC diffusé le 26 mars 2003, intitulé « La guerre du pétrole ». Le film démontre, avec des détails tranchants et irréfutables, tous les aspects les plus importants du pic pétrolier, y compris les gisements en déclin, les taux de découverte en chute libre, la taille plus réduite des gisements et la demande croissante. Il souligne de plus le fait que la capacité de production mondiale est maintenant étirée au maximum et que les USA devront importer 70% de leur pétrole en 2020 et 90% en 2050.
Le documentaire de la BBC citait aussi l’expert en énergie et conseiller auprès de l’administration Bush, Matthew Simmons, affirmant sobrement que le gouvernement des USA est très préoccupé par le pic pétrolier. Simmons est bien placé pour le savoir. Il dirige une banque d’investissement pour l’industrie de l’énergie, basée à Houston, Texas et fut conseiller auprès de la commission secrète du vice-président Dick Cheney en 2001, la National Energy Policy Development Group (NEPDG), qui a refusé de rendre publiques ses conclusions. Il compte toujours parmi les proches conseillers de George W. Bush.

Confirmation du rôle du pic pétrolier dans les événements du 11 septembre 2001

Depuis Octobre 2001, FTW a démontré et continue d’affirmer que le pic pétrolier était la clé motivant les agissements très controversés et illégaux du gouvernement qui, selon nous, était en fait complice des attaques elles-mêmes. Tout cela était nécessaire pour encourager le soutien de l’opinion publique à une guerre qui autrement n’aurait pas été acceptable pour le peuple américain. Simmons n’a jamais dévié de son soutien ouvert à l’administration Bush, ni de ses déclarations selon lesquelles l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak n’avaient rien à voir avec le pétrole. Pourtant Simmons, membre du CFR (ndt. Council of Foreign Relations) ayant aussi contribué au rapport sur l’énergie de l’Institut Baker-CFR paru en avril 2001, a exprimé l’avertissement le plus insistant et clair concernant le pic pétrolier, parmi ceux entendus durant la conférence. De plus, ses déclarations lors de la conférence constituent la première indication jamais donnée concernant les sujets abordés à huis clos durant les mois précédant les attaques. FTW a aussi eu l’occasion de l’interroger sur le pétrole et la guerre. S’adressant à nous via satellite depuis ses bureaux de Houston, Simmons a indiqué :
« Le pic est-il une question ou un problème important ? D’abord, si on considère que l’énergie non renouvelable est la ressource la plus critique, alors effectivement c’est bien un problème majeur. Sans... énergie, plus d’alimentation en eau efficace, plus d’agriculture durable, plus de système de santé viable...
Ce que le pic signifie réellement, en termes d’énergie, c’est qu’une fois atteint, il en sera fini de l’augmentation de l’approvisionnement... Alors est-ce que cela pose un problème majeur, je crois que la réponse est un oui appuyé. Pourquoi ce problème inspire-t-il de telles controverses ? Eh bien je pense, tout d’abord, que pour plusieurs raisons le mot « pic » suggère malheureusement un avenir peu radieux. Il suggère aussi des prix de l’énergie élevés dans le futur et rien de tout cela n’est très agréable à considérer. Je crois qu’il est dans la nature humaine de préférer les pensées agréables. Ceux qui crient au loup sont ignorés à moins que le loup ne soit déjà à la porte ; alors il est en général déjà trop tard. Les crises sont en fait par définition des problèmes qui ont été ignorés. Et toutes les grandes crises furent ignorées jusqu’à ce qu’il soit déjà trop tard pour y faire quelque chose. »
Simmons a indiqué que les cinq sixièmes du monde utilisent très peu d’énergie mais c’est là que la demande croît le plus rapidement. FTW a d’ailleurs récemment rapporté que les ventes de voitures en Chine ont augmenté de 50% pour la seule année 2002. Simmons a aussi mentionné que les gisements en eaux très profondes constituent « la dernière frontière » avant d’indiquer, ce qui n’est pas très réjouissant, que les deux tiers des forages exploratoires étaient des forages dans le vide. Les forages improductifs deviennent aussi quelque chose d’habituel au Moyen-Orient sur la terre ferme.
Le gaz naturel semble être un problème encore plus urgent aux USA. L’approvisionnement en gaz naturel doit obligatoirement provenir d’Amérique du Nord par manque de ports, navires et terminaux adaptés et le procédé de liquéfaction engendre une perte d’énergie importante. Observant la situation globale en Amérique du Nord, Simmons a noté qu’en 1990, la production de gaz naturel aux USA augmentait rapidement. En 2001, malgré des records de forage, la production n’a pas augmenté, enfin en 2003 la production connaît un sérieux déclin.
Ces chiffres ne sont pas surprenants alors qu’on a vu le prix du gaz quadrupler durant les 18 derniers mois. Enfin, comme pour la tendance observée des découvertes de pétrole, Simmons a précisé « Les nouveaux puits de gaz au Texas déclinent de 83% un an après avoir été forés. »
Contrairement au pétrole, la production de gaz naturel atteint généralement un plateau, puis chute brutalement car le gaz sort rapidement du puits jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pression, alors la production s’arrête.
Confirmant que le magot du pétrole de la Mer Caspienne, tant escompté il y a peu, s’était en fait métamorphosé en une gigantesque désillusion, Simmons a souligné qu’en 2001, vingt puits sur les 25 forés dans le bassin de la Mer Caspienne étaient secs. Cette même année le supposé gisement géant de Kashagan au Kazakhstan était ouvert, mais en 2002 British Petroleum et Statoil se sont retirés et finalement en 2003 toutes les autres compagnies ont lâché le morceau.

Le Triangle d’Or et le « Plan B »

Ironiquement, dans une référence à la région d’Asie du Sud-Est réputée pour sa culture du pavot liée à la CIA, Simmons a confirmé que le Moyen-Orient était toujours la « Terre Promise » ; 85% de tout le pétrole du Moyen-Orient repose dans Triangle d’Or s’étendant de Kirkouk, dans le Nord de l’Irak, à travers l’Iran jusqu’aux Emirats Arabes Unis, puis à l’Ouest dans les champs du centre de l’Arabie Saoudite et de nouveau vers le Nord à Kirkouk. Selon l’analyse de Simmons, l’Arabie Saoudite est « la base ». Se référant à un rapport du le Club de Rome datant des années 60 et suggérant que la croissance avait des limites, Simmons a observé que « Le monde n’a pas de plan B. »
Au cours d’une brève séance de questions-réponses, j’ai adressé une question à Simmons, provoquant des rires dans l’assemblée, avant que Simmons baisse la tête en rougissant.
Question de Mike Ruppert : J’ai deux questions. Dans le rapport de l’Institut Baker-CFR datant du mois d’Avril 2001, vous vous exprimiez sur un ton plutôt dissident et vous lanciez un appel pour qu’un programme d’investissement massif de type Manhattan Project soit mis en place pour résoudre le problème de l’énergie : qu’est-ce que cela impliquerait ? Ma deuxième question est la suivante : depuis qu’a été lancée la guerre au terrorisme après le 9/11/2001, nous sommes allés en Afghanistan, puis nous y avons vu des constructions de pipelines, nous sommes allés en Irak, maintenant il y a des événements en Arabie Saoudite, des pourparlers en Afrique de l’Ouest, ainsi qu’en Colombie et étrangement le terrorisme semble sévir exactement là où se trouve le pétrole, c’est-à-dire où se trouvent les grandes réserves et les pays principaux producteurs ; croyez-vous que cela soit une coïncidence ? (rires dans l’assemblée)
Réponse de Simmons : (de nouveau des rires) Ce sont des questions assez pertinentes. Ce que j’ai essayé de suggérer quand le CFR et le Baker Institute faisaient leur bilan sur l’énergie, c’est qu’il fallait se mettre dans la même perspective pour la planification énergétique à venir que celle du Plan Marshall pour reconstruire l’Europe. Il s’agissait alors de regrouper le panel d’experts le plus large possible et de les disséminer à travers l’Europe pour se faire une idée sur la manière de commencer en partant de A pour arriver à Z. Je pense toujours qu’il y a une réelle urgence à mettre en place un Plan Marshall pour l’énergie. Je crois également qu’il faut y associer un plan pour l’approvisionnement en eau, un plan pour l’énergie hydroélectrique (ndt. Pas uniquement dans le sens de barrages hydroélectriques).
Au sujet des terroristes, je ne sais pas si on peut établir un parallèle en constatant que partout où il y a de l’énergie, il y a aussi du terrorisme, mais je sais qu’on peut réfléchir au fait que durant les vingt dernières années on a visiblement bénéficié de prix du pétrole incroyablement bas, si bas qu’aucune nation productrice n’a été, en gros, capable de créer quelque chose qui ressemble à une société moderne. De plus, sur une période de vingt ans, leur population a explosé, ils ont tous des taux de natalité élevés, une population très jeune et une économie désastreuse. Malheureusement, les prix ont été si bas qu’il leur était difficile de garder une infrastructure saine ; il ne leur reste pas grand-chose pour commencer à reconstruire leur société. J’imagine que s’ils avaient eu la chance de connaître des prix de l’énergie deux ou trois fois plus élevés, si on avait travaillé consciencieusement avec ces pays producteurs pour les éclairer quant à l’utilisation de cette richesse nouvellement acquise, au lieu d’y mettre de jeunes et puissants dirigeants pour commencer à construire une classe moyenne, alors les gens auraient commencé à se préoccuper davantage de leur prospérité. Mais je suppose qu’après-coup, c’est facile à dire...
Un autre intervenant a demandé à Simmons pourquoi il y avait une disparité aussi incroyable entre la politique du Bureau Ovale et le point de vue qu’il exprimait. Les premiers mots de la réponse de Simmons furent « Les Etats-Unis ont d’énormes problèmes d’énergie. » [FTW - Une transcription complète de l’intervention de Matt Simmons à la conférence ASPO sera rendue disponible prochainement.] (ndt. Cette transcription est maintenant disponible en accès libre sur www.fromthewilderness.com)

Diverses motivations, un certain consensus et Alice au Pays des Merveilles

A la conférence ASPO étaient présents des experts de compagnies pétrolières, des chercheurs dans le domaine de la géologie et des sciences comme les sciences politiques, des défenseurs des énergies alternatives, des représentants d’intérêts économiques et financiers comme la Deutschebank, d’organismes de recherche gouvernementaux, ainsi que des journalistes. Trois « camps » se sont rapidement démarqués. Le camp du pic pétrolier, généralement représenté par ceux qui estiment que le problème de l’amenuisement des ressources en pétrole et gaz est extrêmement sérieux et sur le point de devenir la question suprême sur la planète, car il n’y a pas de source alternative d’énergie adéquate, à court ou à moyen terme, qui puisse en réduire les effets. Le camp de la Panacée des Energies Alternatives s’entendait sur le fait que les sources alternatives d’énergie permettraient à la vie de suivre son cours normalement. Enfin le camp de la « Terre Plate », comprenant essentiellement des employés de compagnies pétrolières, des représentants de l’industrie pétrolière, de l’Agence Internationale à l’Energie (AIE) ou de banques d’investissement ainsi que des politiques. La plupart d’entre eux considèrent que l’augmentation de la demande et des investissements constituera, d’une façon ou d’une autre, une solution à tout et considèrent aussi que la technologie permettra de trouver un pétrole et un gaz naturel qui s’avèrent justement inexistants, selon la plupart des intervenants de cette conférence, surtout après la présentation de données par des experts incontestés.

Publication malhonnête des estimations de réserves et définitions

En tout état de cause personne, d’un bord ou de l’autre, n’a tenté d’assurer la défense des estimations de réserves surévaluées provenant de l’US Geological Survey (USGS) ou de l’AIE (Agence Internationale à l’Energie). Il était d’ailleurs facile, pour des experts comme Campbell, Laherrère, Aleklett, Chris Skrebowski de l’Institut anglais du pétrole et le professeur Kenneth Deffeyes de l’Université de Princeton, de démontrer que les chiffres sur les réserves de pétrole sont aussi cuisinés que les chiffres d’Enron.
La principale erreur toujours commise par les compagnies pétrolières, autant que les institutions gouvernementales, est le fait qu’ils ne rapportent pas dans le temps les découvertes de réserves (« backdating ») : lorsqu’une compagnie fore son premier puits exploitable dans n’importe quel champ, elle peut se faire une idée raisonnable sur la quantité de pétrole récupérable à terme. Le premier obstacle est que si la taille estimée du gisement est déclarée pendant la première année d’exploitation, elle doit payer une taxe conséquente sur l’ensemble de ce gisement. Naturellement, les compagnies déclarent des estimations de capacité graduellement pour étaler la charge fiscale. Elles le font aussi pour maintenir la cote des actions à la hausse de façon régulière et stimuler la poursuite des investissements en déclarant des découvertes de nouvelles réserves dans des champs plus anciens, alors que ces réserves ne sont pas du tout nouvelles. Lorsque la production nationale est déterminée sur la base des réserves « prouvées » déclarées, elles sont parfois manipulées, comme ce fut le cas avec beaucoup de pays de l’OPEP au milieu des années 80 (ndt. L’OPEP décida de fixer les quotas de production en fonction des réserves « prouvées » déclarées, le résultat fut une augmentation brutale des réserves déclarées sans découverte rapportée, comme par exemple une augmentation de 50% des réserves du Koweït en 1985...). La manipulation des estimations de réserves est donc un moyen efficace pour remplir les caisses de l’Etat en exportant plus.
Les experts comme Campbell et Laherrère insistent sur le fait que toutes les réserves devraient être rapportées au premier forage réussi d’un champ, en soustrayant la quantité déjà extraite, afin de déterminer précisément quelle quantité de pétrole il reste vraiment. Pour parler sérieusement de réserves, il faut abandonner les termes tels que « réserves probables », « réserves estimées » et même « réserves prouvées », pour adopter « réserves récupérables à terme » (Ultimately Recoverable Reserves, ou URR) qui ont été correctement rapportées à leur découverte. Tout le reste revient à satisfaire aux exigences d’un comptable, politique ou analyste boursier.
Ce n’est pas par hasard - et malgré la publication de réserves par les gouvernements, compagnies pétrolières et analystes financiers - qu’une société appelée Petroconsultants basée à Genève publie un rapport annuel sur les réserves, pays par pays, et facture paraît-il un million de dollars par copie. Il a été affirmé que la CIA intervient dans sa rédaction et est aussi destinataire de ce rapport. Cela prouve clairement le manque de fiabilité des autres sources.

Nouvelles perspectives d’avenir

Beaucoup de points de vue différents ont été exprimés et cette description n’est pas exhaustive. Haut cadre de la Société Nationale Pétrolière Iranienne, le docteur Ali Samsam Bakhtiari se positionne clairement dans le camp du pic pétrolier, dévoilant des chiffres alarmants sur la diminution de la production iranienne ainsi que des analyses montrant que les réserves tant vantées de l’Arabie Saoudite, estimées à 250 milliards de barils (Gb), pourraient être beaucoup plus limitées que ce qu’on affirme. « L’Arabie Saoudite a déjà produit 100 Gb sur des réserves récupérables à terme de 260 Gb. Il est possible que le seuil de la moitié de la production ait été atteint, ce qui signifie le déclin. », précise-t-il.
Ndt. Pour cela il s’appuie par exemple sur le constat selon lequel 200 « puits horizontaux » ont déjà été forés sur le seul gisement de Ghawar, le plus gros gisement du monde, qui représente à lui seul la moitié de la production totale de l’Arabie Saoudite. Les puits horizontaux sont, brièvement, des conduits servant à injecter du liquide ou de la vapeur dans la nappe afin d’augmenter la pression nécessaire à l’évacuation du pétrole. Ces opérations constituent un investissement énorme et sont mises en œuvre en dernier lieu pour augmenter la production et retarder le déclin du gisement. Quand le déclin ( ou chute de la production ) a finalement lieu, il est d’autant plus brutal que toutes les techniques ont été mises en œuvre pour le retarder.

Comme il fut expliqué précédemment dans nos colonnes, dès lors qu’un puits, une nation, ou la planète a atteint son pic de production, chaque nouveau baril produit nécessite en moyenne plus d’argent et d’énergie, tout en perdant de sa qualité et donc de sa rentabilité lors du raffinage. Les conclusions de Bakhtiari étaient confirmées par d’autres présentations montrant qu’en dépit du fait que 43% des URR mondiales soient situées au Moyen-Orient, leur étendue pourrait être bien moindre qu’espérée et les pays de cette région pourraient connaître un pic de production bien plus tôt que ce qui est envisagé.
Dans l’ensemble, ces chiffres dégrisants résonnaient dans la perspective de Simmons telle qu’elle fut présentée à l’administration Bush ; le débat se focalisait donc fréquemment sur les sources d’énergie alternatives. Aucun intervenant n’a pu mettre en évidence une quelconque combinaison de sources d’énergie alternatives pouvant remplacer les hydrocarbures, et personne n’a pu affirmer que si une telle combinaison existait, elle pourrait être déployée en temps voulu pour prévenir les catastrophes économiques et humaines. Nous sommes sortis de la conférence avec le sentiment qu’en raison du déni politique et économique, alors que les lumières commenceront à s’éteindre, que les voitures s’arrêteront, que les fertilisants et pesticides deviendront trop chers pour les pays du tiers-monde et que les famines commenceront à frapper la planète, le charbon et le nucléaire seront les remèdes d’urgence auxquels nous auront recours, mais ne seront pas efficaces, sinon pour colmater les brèches dans l’urgence.
L’une des conclusions faisant généralement l’unanimité parmi les conférenciers était que l’hydrogène, contrairement aux théories populaires et rassurantes d’auteurs comme Jeremy Rifkin, n’est pas une solution à court ou long terme en raison de coûts de production élevés, de problèmes de rentabilité énergétique inhérents à ce vecteur, de manque d’infrastructure et d’impraticabilité. Parlant au nom de Daimler Chrysler, qui acquiesce discrètement sur le pic pétrolier, tout en admettant faire des recherches poussées sur les véhicules à l’hydrogène, le Docteur Jorg Wind a reconnu que sa société ne considère pas l’hydrogène comme une alternative viable au moteur à explosion.
« Nous utilisons de l’énergie fossile pour produire l’hydrogène. Cela ne contribue pas à une réduction significative des émissions de co2. Nous pronostiquons qu’en 2020 l’hydrogène représentera seulement 5% des carburants consommés, d’autre part que l’infrastructure, le cadre politique sont les facteurs les plus déterminants. » Avec une certaine pertinence et probabilité du point de vue de l’industrie automobile, Wind a précisé que nous verrons successivement des véhicules conventionnels améliorés, des véhicules hybrides de première génération, des véhicules hybrides électriques et, finalement, les véhicules à l’hydrogène comme solution, mais il doute sérieusement du fait que les moteurs à hydrogène constituent un jour une part significative du marché. Dans une admission à demi-mot du pic pétrolier qui pourtant en dit long, Wind a ajouté qu’un tiers de tous les carburants diesels utilisés actuellement en Allemagne est en fait du biodiesel généré à partir de déchets recyclés ou de cultures de végétaux. Il est particulièrement critique vis-à-vis de l’éthanol, précisant que celui-ci n’est pas rentable en termes d’énergie. Les conférenciers français ont d’ailleurs confirmé que l’éthanol n’est viable en France que grâce à une subvention aux fermiers s’élevant à 300 %. En dehors de cela, l’éthanol requiert plus d’énergie pour être produit que ce qu’on peut en retirer. (ndt. cf. Le rapport EroEI, « Energy Returned on Energy Invested », qui ne devrait théoriquement être absent d’aucune recherche sur les énergies alternatives.)
Lorsque FTW lui a demandé si Daimler-Chrysler avait estimé les coûts de changement d’infrastructures et d’investissement de capitaux nécessaires pour produire des véhicules à l’hydrogène, Wind a répondu que sa société ignorait l’ampleur de ces coûts. Cela implique qu’ayant évalué la technologie du véhicule en lui-même, l’entreprise n’avait pas estimé nécessaire d’entreprendre de plus amples évaluations financières. Wind a soulevé des grognements dans l’assistance lorsqu’il a affirmé que tout est fonction de la demande du consommateur et que les entreprises n’ont aucune responsabilité à assumer quant au manque de solutions pratiques face à la crise imminente.

« Il ne sera peut-être pas profitable de ralentir le déclin »

L’économiste hollandais Maarten Van Mourik, de l’Institut Economique des Pays-Bas, a exposé des faits inquiétants et peut-être le constat le plus mémorable de toute la conférence.
Il n’a pas caché ses faibles espoirs dans l’exploration en eaux profondes, précisant que le pétrole non conventionnel d’eaux profondes ne représenterait qu’environ 5% de l’offre mondiale en 2020. A terme cela ne représenterait qu’environ 5 Gb (milliards de barils). Le monde consomme actuellement un milliard de barils en 12 jours. « C’est beaucoup trop cher. Les coûts s’élèvent à 50 voire 60 millions par plate-forme avec peu de retours garantis. » Il a ainsi souligné, ce qui n’est guère surprenant au vu des récentes évolutions de la « Guerre au terrorisme », que l’Afrique de l’Ouest porte les meilleurs espoirs dans ce domaine, l’Angola étant le candidat en tête de liste pour les nouvelles activités. Après un examen de quelques autres alternatives, Van Mourik a dévoilé une vérité sous-jacente qui devrait certainement exacerber les effets du pic pétrolier : « Il ne sera peut-être pas profitable de ralentir le déclin ».

Le ballon financier de l’hydrogène

Pierre-René Bauquis, Vice-Président de l’Institut Françaisde l’Energie, professeurà l’IFP et ancien conseiller spécial du président de TotalFinaElf, a confirmé des recherches antérieures de FTW en citant des chiffres scientifiques solides montrant que l’hydrogène n’est pas une solution pratique. En tant que membre des Environnementalistes pour l’Energie Nucléaire, il n’a fait aucun secret de son parti-pris pour l’énergie nucléaire. Il est d’ailleurs assez probable que si Total, ou n’importe quelle autre compagnie pétrolière, pouvait tirer profit de l’hydrogène, elle s’empresserait de s’y atteler, étant parfaitement au courant que la matière première dont elle dépend actuellement se fait rare.
Indiquant que la moitié du pétrole est utilisé pour les transports, Bauquis a insisté sur le fait que les sources d’énergie renouvelables ne résoudraient pas le problème et a affirmé clairement que « L’hydrogène n’est pas le carburant de demain. » Il a de plus souligné que le premier moteur à combustion interne, fabriqué en 1805, tournait à l’hydrogène et fut rapidement mis au rancart en raison de problèmes liés au transport, au stockage et à l’efficacité de l’hydrogène. Bauquis a observé que « La production commerciale de l’hydrogène coûte deux à cinq fois plus cher que les hydrocarbures utilisés pour le fabriquer. Son transport est impossible. Transporter l’hydrogène coûte deux fois plus cher que transporter de l’électricité. Le prix de son stockage est 100 fois celui du stockage des liquides pétroliers. »
Il s’est montré encore plus impitoyable avec l’éthanol. « Pour remplacer 40% du pétrole actuellement utilisé, il faudrait multiplier par trois la surface de terre cultivable mondiale, simplement pour les cultures destinées à produire l’éthanol. »
Soulevant lui aussi des grognements dans l’assistance, Bauquis a proclamé que le drame de Chernobyl était une intox perpétrée par GreenPeace qui avait grossièrement exagéré le nombre de morts résultant de l’accident nucléaire en 1986, pourtant ses observations au sujet de l’hydrogène sont en accord avec un large panel d’études scientifiques émanant de divers pôles d’intérêts politiques et économiques. Il a néanmoins reconnu que peut-être, dans plusieurs décennies, l’ »hydrogène vert » (ou « hydrogène blanc », produit par électrolyse plutôt qu’à partir de méthane) pourrait devenir exploitable, mais cela uniquement avec l’aide de l’énergie nucléaire dans le processus de conversion.
Un auditeur a suscité des salves de rires sardoniques en demandant à un autre intervenant « A l’heure actuelle, sur le marché, nous sommes dans une situation où nous avons un carburant conventionnel, c’est-à-dire le pétrole, que nous brûlons dans un moteur à explosions qui effectue le travail. Maintenant, ce que je crois comprendre dans ce que défendent les partisans de l’hydrogène emmenés par Jeremy Rifkin, c’est une économie de l’hydrogène qui consiste en gros à prendre de nouveau du carburant conventionnel, ou produire des énergies alternatives propres, solaires ou éoliennes, pour produire de l’électricité afin de diviser les molécules d’eau en hydrogène et oxygène, pour ensuite comprimer cet hydrogène dans le but de le transporter et le stocker sous forme liquide, puis finalement l’injecter dans un moteur à hydrogène qui produit l’électricité entraînant la machine. Croyez-vous vraiment que c’est ce qu’on appelle de l’efficacité ? »

La Russie a du gaz

Après avoir répété que la dépendance mondiale vis-à-vis du pétrole et du gaz naturel tend à augmenter plutôt que l’inverse, J. Peter Gerling, président du département Ressources Energétiques de l’Institut Fédéral allemand des Géosciences, a précisé que la Russie recelait, selon les estimations, la moitié de toutes les réserves de gaz naturel estimées et récupérables à terme du monde. Le minuscule état du Quatar, où les USA ont basé leurs quartiers généraux du Central Command a, en son sous-sol, plus de gaz naturel que l’Amérique du Nord et du Sud réunies. Ce ne sera réellement une aubaine pour les USA que lorsqu’une flotte massive de navires gaziers et une infrastructure adéquate seront déployées, mais cela dit on comprend mieux pourquoi Paris et Berlin ont progressivement mis en place un partenariat économique avec la Russie. De même, on comprend mieux pourquoi un expert tel que Colin Campbell considère que le Royaume-Uni finira par rejoindre l’Union Européenne. Chris Skrebowski, de l’Institut Anglais du Pétrole, avait auparavant indiqué qu’en 2007 le Royaune-Uni connaîtra sa seconde année d’importation nette de gaz et sa première année d’importation nette de pétrole : les gisements de la Mer du Nord seront pratiquement à sec à la fin de la décennie.

Dans les sables bitumeux et poisseux du Canada

Le professeur Kjell Aleklett a présenté à l’assistance une sensationnelle illustration de la répartition mondiale des réserves de pétrole, en utilisant 20 bouteilles de champagne pour représenter les deux trillions de barils dont la planète s’est vue dotée (ndt. L’intitulé de son intervention étant « Comment faire comprendre au monde que la fête est finie »). Ayant retiré dix bouteilles pour montrer ce qui a déjà été utilisé, il a mis deux bouteilles, correspondant à la part des USA, de côté. L’une de ces deux bouteilles étant manifestement vide, il a servi le dernier verre de la bouteille restante en expliquant que les USA venaient de servir le tout dernier verre de leur dotation en pétrole. Parmi les dix bouteilles restantes, a-t-il souligné, quatre sont au Moyen-Orient, dont trois en Arabie Saoudite et en Irak.
Il s’est alors tourné vers les projets d’exploitation des sables bitumeux qui jadis furent considérés comme la providence du Canada (et des USA), mais qui se sont révélés être un véritable désastre financier et écologique. L’un des intervenants précédents avait à ce sujet fait remarquer que le procédé d’exploitation des sables bitumeux, qui implique de rincer le sable extrait à l’aide de vapeur, requiert trois barils d’eau fraîche pour chaque baril de pétrole produit.
Aleklett a ensuite précisé que le Canada utilise une telle quantité de gaz naturel pour porter l’eau à ébullition que son propre approvisionnement pour le chauffage s’en trouve compromis. D’autres intervenants avaient aussi commenté le fait que dans le cadre des accords commerciaux NAFTA et FTAA, le Canada a l’obligation de vendre du gaz naturel aux USA à des prix si bas qu’ils mettent en péril son propre approvisionnement. Il n’y a clairement pas assez de gaz naturel pour traiter les sables bitumeux, qui ne sont d’ailleurs pas rentables à ce jour, alors que les eaux insalubres et les mines d’extraction détruisent les paysages préservés de l’Alberta. Il en résulte que l’Alberta envisage maintenant la construction d’un réacteur nucléaire dans le seul but de produire de la vapeur afin de traiter les sables bitumeux. Personne n’a bien entendu jugé nécessaire de soulever le problème du rapport entre l’énergie investie et l’énergie récupérée.

Affirmer ce qui est manifeste

Comme c’est souvent le cas avec les rapports gouvernementaux, tels que ceux produits par l’inspecteur général de la CIA évaluant le rôle de son agence dans le trafic de drogue, il est nécessaire de passer outre les courriers de transmission et les synthèses afin de découvrir ce que le rapport dit vraiment. Klare a fait remarquer que le chapitre 8 du rapport Cheney dévoilait les véritables motivations de cette commission secrète : encourager une plus grande dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz naturel. Le rapport mentionnait le fait que la demande aux USA augmenterait de 7,7 millions de barils par jour entre 2000 et 2020, demande qui ne pourrait être satisfaite que par le Moyen-Orient. Comme l’a rapporté FTW à de nombreuses reprises, durant des années Clinton, les USA se sont progressivement préparés au conflit armé en organisant des manœuvres d’exercice militaire conjointes et en déployant des bases à travers la région. La plus grande attention était portée à l’Arabie Saoudite. L’analyse de Klare n’a laissé planer aucun doute sur le fait que les opérations menées depuis le 11/09/2001 découlent d’un plan élaboré et soigneusement mis en application sur plus d’une décennie, et que de plus les politiques énergétiques, militaires et anti-terroristes ne sont que des fils d’un même canevas, parfaitement entrelacés dans le cadre d’une conquête hégémonique et globale.
Le professeur de Princeton Kenneth Deffeyes, ancien collègue de King Hubbert et auteur du livre « Hubbert’s Peak : The Impending World Oil Shortage » (ndt. « Le pic de Hubbert ou la pénurie de pétrole imminente », non traduit...), a avancé la thèse selon laquelle le pic pétrolier aurait en fait eu lieu en 2000, en s’appuyant sur le fait que depuis la production n’a cessé de baisser. Comme preuve supplémentaire du pic pétrolier, il a précisé que depuis 2000 la bourse a connu une baisse de 30% que les baisses de taux d’intérêts n’ont pas freiné, deux millions de personnes ont perdu leur emploi, ceux qui en ont un n’ont pas pu partir en retraite, les excédents budgétaires ont disparu, la classe moyenne a fondu ainsi que le World Trade Center. Il a ajouté que la seule solution pour atteindre les taux de découverte pétrolière illusoires de l’USGS (ndt. United States Geological Survey) serait d’annexer l’Irak en tant que 51ème état. L’un de ses soucis majeurs, a-t-il expliqué, est le coût de la fabrication de fertilisants pour le Tiers-Monde, car les pénuries de gaz naturel ainsi que les coûts périphériques de production électrique et de transport pourraient précipiter une famine d’une proportion inimaginable.
Dans la perspective de FTW, la réalité du pic pétrolier ne fait pratiquement aucun mystère depuis le 11 septembre. En tant qu’explication globale des attaques magnifiquement opportunes du 11 septembre, agencées par le gouvernement étasunien, de la guerre parfaitement orchestrée visant à s’accaparer les plus grandes réserves de pétrole de la planète, de la quasi-hystérie au sujet de la guerre bactériologique, des atteintes méthodiques aux libertés civiles ainsi que les résultats économiques en chute libre, aucun autre matériau ne fournit un cadre dans lequel on puisse inscrire ces déroulements. La deuxième conférence ASPO à Paris n’a fait que renforcer notre conviction.