La primauté de la puissance américaine dans le monde et les liens étroits unissant l’Australie aux États-Unis sont les pierres angulaires de la politique étrangère de John Howard. Jamais un gouvernement australien n’a été aussi persuadé du bien fondé de la puissance états-unienne et de la rationalité des dirigeants de Washington. Le gouvernement Howard est unique dans l’histoire de l’Australie par sa conception de l’unipolarité comme un plus pour l’ordre et la paix du monde.
Les États-Unis ne peuvent pas cependant avoir une hégémonie mondiale réelle et absolue. Les États occidentaux ne dépendent plus de l’armée états-unienne comme lorsqu’ils étaient menacés par un adversaire commun à l’époque de la Guerre froide et les économies sont toutes interdépendantes. Le système international est fondé sur des organisations multilatérales dont les États-Unis peuvent encore fixer l’ordre du jour, mais dont ils ne peuvent pas fixer les règles seuls. En outre, les États sont aujourd’hui concurrencés par des acteurs internationaux non-étatiques. Mais tous ces éléments, l’administration Bush ne les conçoit pas et elle se croit capable de diriger complètement le monde.
Suivre les États-Unis dans cette voie est irresponsable. Il est nécessaire de réévaluer nos politiques internationales et de nous interroger sur la façon d’utiliser notre relation particulière avec Washington pour pousser les États-Unis à avoir une approche plus constructive concernant l’ordre international.

Source
The Age (Australie)

« The risks for Australia in Howard’s way », par Chris Reus-Smit, The Age, 14 mai 2004.