L’attorney général des États-Unis, Alberto Gonzales, a autorisé samedi 27 mai 2006 une perquisition du bureau du représentant William Jefferson dans les locaux du Congrès. M. Jefferson, député démocrate de la Nouvelle-Orléans, est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin pour faciliter l’obtention par une firme de Virginie d’un marché public de téléphonie au Ghana et au Nigéria.

Le président de la Chambre, le républicain Denis Hastert, qui essayait de protéger l’inviolabilité du Congrès et tentait d’empêcher les agents du FBI de pénétrer au Capitole a alors été menacé. Les policiers lui ont déclaré que s’il faisait des histoires, ils feraient savoir à la presse qu’il faisait lui aussi l’objet d’une enquête pour corruption.

En définitive, deux des assistants parlementaires de William Jefferson ont accepté de collaborer avec les enquêteurs et des documents ont été saisis. Le président Hastert s’est plaint auprès du département de la Justice, lequel a confirmé avoir reçu une dénonciation anonyme le mettant en cause, mais ne pas disposer du moindre élément probant. Denis Hastert s’est également plaint auprès de la Maison-Blanche de cette violation du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs. Le président George W. Bush a en définitive ordonné une restitution rapide des documents saisis, mais pas l’annulation de la procédure.

Rappelons que la corruption des parlementaires est non seulement légale aux États-Unis, mais encouragée par le règlement du Congrès qui la codifie. Cependant la corruption doit être transparente et les pots-de-vin doivent faire l’objet d’une déclaration. L’enquête visant M. Jefferson est un des multiples volets de l’affaire Abramoff, du nom de ce lobbyiste qui faisait la pluie et le beau temps au Congrès. Dans ce même contexte, plusieurs centaines de parlementaires auraient pu faire l’objet des mêmes investigations. Au cours des derniers mois, M. Jefferson avait multiplié les critiques à propos du désengagement de l’État fédéral pour reconstruire la Nouvelle-Orléans.