Suite aux attentats, les démocraties, ébranlées dans leurs idéaux ont pris peur devant cette monstrueuse barbarie. Quarante-sept député de la majorité ont déposé une proposition de loi tendant à rétablir la peine de mort pour les auteurs d’actes terroristes. Serait-ce un simple soubresaut des thuriféraires du châtiment suprême ou bien cela reflète-t-il un courant de l’opinion face à l’horreur qu’inspire le terrorisme ?
Nous avons cru que la démocratie était une fin en soi alors qu’elle n’est qu’un long processus, un outil au service du progrès humain. Un peu partout dans le monde, le bulletin de vote remplace la balle de fusil, la torture recule, la justice se substitue à la vengeance. L’humanité avance et l’homme envisage chaque jour un peu plus sa liberté dans le respect des droits fondamentaux des autres dont le premier est le droit à la vie. La peur ne doit pas nous faire revenir en arrière. En outre, la peine de mort n’est qu’un instrument puéril face à la lâcheté des attaques et son caractère dissuasif est inexistant.
Les grandes démocraties doivent s’unir pour éclairer leur chemin commun à la lumière d’un humanisme conquis afin que partout dans le monde, la justice ne tue plus. Cela ne signifie pas que nous devions laisser les actes répréhensibles impunis, mais la peine de mort permettrait simplement aux terroristes d’être des martyrs. Il faut par contre être sévères avec les terroristes en instituant une imprescriptibilité de leurs crimes.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Pas de marche arrière ! », par Jacques Pelletier, Le Figaro, 25 mai 2004.