La forêt tropicale colombienne est une des forêts présentant la plus grande biodiversité de la planète, mais elle est régulièrement incendiée pour gagner des terres arables. Il ne s’agit pas de l’action des multinationales, mais des cultivateurs de coca qui essayent ainsi de développer leur production pour combler l’énorme demande en provenance des États-Unis et de l’Europe. Ils travaillent directement pour les guérillas rebelles, des groupes qui sont les pires violateurs des Droits de l’homme des Amériques.
Outre leurs crimes, ces groupes ont détruit près d’1,8 millions d’hectares de forêt tropicale, mais ni les groupes de défense des Droits de l’homme, ni les groupes environnementalistes ne les condamnent. Ils ont pourtant été désignés comme terroristes par l’Union européenne. La production de cocaïne n’est pas une production indigène comme on l’entend souvent, c’est une industrie polluante que le gouvernement colombien combat. Les révolutionnaires d’hier sont devenus aujourd’hui des milliardaires de la drogue.
Les Européens qui ont critiqué la faiblesse des institutions colombiennes ou les dépenses excessives pour la sécurité doivent regarder franchement la façon dont les trafiquants de drogues affaiblissent les institutions démocratiques. Le rapport annuel de l’ONU sur les Droits de l’homme en Colombie a démontré l’implication de ces groupes rebelles dans les trafics, l’extorsion et l’utilisation de mines illégales tandis qu’Human Right Watch a rédigé un rapport sur le recrutement des enfants par ces groupes. Mais paradoxalement, les mêmes pays européens dont la consommation de cocaïne rend obligatoire de strictes lois antiterroristes en Colombie sont les plus critiques vis-à-vis de ces lois. Tant que l’Europe ne réduira pas sa consommation de cocaïne, la Colombie devra dépenser de l’argent pour sa défense au lieu de combattre la pauvreté.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).

« Europe’s hypocrisy toward Colombia must end », par Francisco Santos Calderón, International Herald Tribune, 1er juin