(14 juin 2006)- Étant donné que les tactiques des terroristes continuent à évoluer, il est indispensable que la stratégie de la communauté internationale fasse de même pour pouvoir les vaincre, ont souligné deux personnalités américaines attachées aux services antiterroristes.

« Si nous admettons les succès remportés, il nous faut aussi reconnaître que des défis demeurent », a déclaré, le 13 juin, M. Henry Crumpton, ambassadeur extraordinaire pour la lutte antiterroriste, à l’occasion d’une déposition devant la commission sénatoriale des relations étangères, à laquelle s’est joint l’amiral John Scott Redd, directeur du Centre national antiterroriste.

Les deux hommes ont fait valoir les importants progrès enregistrés par le partenariat international contre Al-Qaïda et ses affiliés, donnant en exemple la mort, il y a quelques jours, du chef d’âl-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqawi, ainsi que l’attentat à la bombe récemment déjoué au Canada.

Ils ont cependant fait remarquer que ces succès et ceux d’autres opérations contre le terrorisme avaient poussé les terroristes à recourir à de nouvelles tactiques et notamment à l’organisation de petites cellules indépendantes qui sont plus difficiles à déceler et à vaincre.

Ces groupes représentant le « nouveau visage du terrorisme » ne sont pas contrôlés centralement, mais ils s’alignent sur l’idéologie de violence d’un réseau qui exploite l’exaspération causée par les conflits locaux ou les griefs relevant de l’histoire pour encourager de nouveaux actes de terrorisme.

Les terroristes, ont souligné les deux responsables, continuent à renforcer leurs organisations par le biais d’une utilisation sophistiquée de l’internet afin de recueillir et échanger des informations, de répandre leur propagande, de recueillir des fonds et de recruter de nouveaux membres.

Certains terroristes ont établi des liens avec des États parrains, tels que l’Iran et la Syrie, tandis que d’autres sont en train de bâtir de nouvelles alliances avec les organisations criminelles internationales, a expliqué M. Crumpton, ajoutant que certains d’entre eux s’efforcent d’obtenir des armes chimiques, biologiques et nucléaires.

« Nous sommes en guerre avec un ennemi dangereux, qui s’adapte facilement et qui est persistant », a précisé l’amiral Redd.

Pour M. Crumpton, le conflit en Irak illustre un autre élément de la stratégie des terroristes : l’établissement de refuges. « Al-Qaïda et les combattants étrangers sympathisants cherchent à rallier à leur cause et à influencer les insurgés sunnites locaux. Ils considèrent l’Irak comme un terrain d’entraînement et un centre d’endoctrinement pour les extrémistes islamiques des quatre coins du monde », a-t-il dit, ajoutant qu’au cours des dernières années, les terroristes ont aussi essayé d’établir des bastions en Afrique, en Asie du Sud-Est et à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan.

Les États-Unis, a-t-il précisé, sont à la tête d’un effort international à multiples volets visant à vaincre le terrorisme. Le premier objectif est de contrecarrer les extrémistes violents dans le monde par le biais d’opérations militaires ou relevant des services du renseignement pour vaincre les groupes terroristes et traduire leurs chefs en justice. Le second est de mettre sur pied des initiatives régionales en vue d’empêcher que les terroristes trouvent des refuges, en aidant notamment les partenaires des États-Unis à créer des forces militaires et policières plus efficaces et plus solides. Le troisième est d’appuyer localement les programmes visant la sécurité, la démocratisation et le développement afin de permettre aux pays de redresser les injustices sociales et économiques qui peuvent constituer un terrain propice au terrorisme.

« Il faut que notre approche reste souple alors que l’ennemi continue d’évoluer. Nous devons nous battre contre l’ennemi avec des outils précis et calibrés qui empêcheront que ses chefs trouvent des refuges et bénéficient de l’appui de réseaux financiers et criminels », a souligné M. Crumpton.

Créé en 2004, le Centre national du antiterroriste, a dit l’amiral Redd, a deux cordes à son arc pour mener à bien cette stratégie. C’est par lui que passent toutes les informations recueillies aux États-Unis relatives au terrorisme, informations qu’il analyse, incorpore et partage. Il travaille 24 h sur 24 pour que les responsables américains et les partenaires internationaux des États-unis soient continuellement mis au courant des menaces qui se font jour. Le centre supervise aussi toutes les initiatives gouvernementales visant la lutte contre le terrorisme « afin de mettre à profit tous les éléments de la puissance nationale pour lutter contre le terrorisme ».

Source
États-Unis (Department of State)