Dans la lettre d’information Réseaux-Télécoms, le journaliste Marc Olané, rend compte du dernier épisode de la lutte opposant, aux États-Unis, les défenseurs de la vie privée à l’administration Bush qui veut, au nom de la « guerre au terrorisme », pouvoir écouter l’intégralité des communications via Internet. Cette fois ci ce sont les grands nom du Réseau qui se mobilisent :

« Le Comité de Rédaction du rapport anti-écoutes est beau comme une brochette de la RSA Conference : Steve Bellovin, Matt Blaze, Vinton Cerf, Whitfield Diffie, Susan Landau... on y retrouve même Clinton Brooks ; ex chercheur du département « crypto » de la NSA. Du « Beau linge » qui proteste contre une récente décision de la cour d’appel envers la FCC américaine visant à étendre les possibilités d’écoute téléphoniques aux infrastructures VoIP.

Or, jusqu’à présent, la téléphonie sur Internet était à l’abris de ce genre de problème, puisque le Communications Assistance for Law Enforcement Act (Calea) stipulait que les fournisseur d’accès et les réseaux de données étaient exclus de ce genre de mesures qui ne pouvaient s’appliquer qu’aux POT’s.

Où commence le numérique « data » et ou s’achève la téléphonie « numérique » ? Où commence un flicage systématique de la NSA et ou s’achève une « perquisition légale » de tout échange informatique sans l’ombre de la moindre commission rogatoire ? (ou de son proche équivalent américain) ?

Mais ce qui inquiète le plus ce comité des sages, c’est le coût et la très probable inefficacité d’un tel système. Contrairement au réseau téléphonique classique, qui demeure technologiquement homogène, le traçage d’une communication implique non seulement la collaboration active du fournisseur de services VoIP, mais encore un système de tracking de l’information tout au long de son parcours sur le réseau Internet.

Et quand bien même un tel outil serait disponible il ne servirait pas à grand-chose tant que l’on ne saurait mettre en relation ET les données du prestataire VoIP, ET les données des différents fournisseurs de transport IP rencontrés sur Internet. En outre, tout appel provenant du dehors des Etats-Unis échapperait à ces dispositions sacrément liberticides. »

« Les gourous de la sécurité contre les écoutes VoIP », par Marc Olanié, Réseaux-Télécoms, France, 16 Juin 2006.