Après deux ans de négociations, le gouvernement soudanais et les rebelles du Sud ont signé un accord préliminaire sur les principes permettant d’en finir avec une guerre civile de 21 ans qui a tué deux millions de personnes. Cet accord n’aurait pas existé sans les pressions des États-Unis. Bien que l’administration Bush mérite des félicitations pour cette réalisation, elle doit vite appliquer les leçons de cette expérience à une autre crise soudanaise : le Darfour. Si on ne fait rien dans cette région, on pourrait avoir 350 000 morts d’ici décembre.
Pour éviter cela, ce sont les pressions sur le haut niveau de l’État qui peuvent s’avérer payantes. On ne peut pas repousser l’action car 30 000 habitants du Darfour ont déjà été assassinés et 1,5 million chassés de chez eux. Des centaines de milliers de personnes sont dans des camps de concentration tenus par des milices qui violent les femmes et tuent les hommes qui cherchent à trouver de la nourriture pour leur famille. En outre, la famine s’y fait sentir car Khartoum détourne l’aide alimentaire.
Les États-Unis et leurs alliés fournissent une aide humanitaire à la région, mais cela n’a d’impact que sur les symptômes, pas les causes. Les États-Unis doivent travailler avec l’ONU pour mettre un terme à cette crise. Il faut avant tout éviter une famine en faisant pression sur Khartoum pour que le Soudan laisse un accès total aux travailleurs humanitaires au Darfour et il faut multiplier les observateurs des Droits de l’homme dans la région. Il faut également internationaliser les pressions sur le Soudan car cela a été payant par le passé. Il faut donc une implication plus forte de l’Union européenne et de l’ONU. Les États-Unis doivent utiliser tous les moyens dont ils disposent pour faire plier Khartoum. Si nous n’avons plus les moyens de faire des menaces militaires, nous pouvons menacer de sanctions économiques.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Break Through to Darfur », par Samantha Power et John Prendergast, Los Angeles Times, 2 juin 2004.